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    Hier, enfant, tu m'as dit d'une voix inquiète,
    Souriant et boudant, te penchant dans mes bras :
    « Toi qui chantes pour tous, infidèle poète,
    « Sur nos jeunes amours ne chanteras-tu pas ?

    « Tu fais métier d'écrire et sèmes ta parole.
    « Dis ? que ne m'offres-tu ces bouquets que ta main
    « Effeuille sur la route, insouciante et folle.
    « Je veux...


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    Comme un dernier rayon, comme un dernier zéphire
           Anime la fin d’un beau jour,
    Au pied de l’échafaud j’essaye encor ma lyre.
           Peut-être est-ce bientôt mon tour ;
    Peut-être avant que l’heure en cercle promenée
           Ait posé sur l’émail brillant,
    Dans les soixante pas où sa route est bornée,
           Son pied sonore et vigilant,...

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    Vous que j’ai tant aimé, ô vous dont l’œil m’évite,
    Si le hasard encor me plaçait sur vos pas,
    Tremblante, à mes regards ne fuyez pas si vite,
             De moi ne vous détournez pas.

    Ne vous détournez pas ! Dans sa noble innocence,
    Mon cœur s’étonne et souffre au trouble où je vous voi.
    Si d’un trop haut amour la femme un jour s’offense,...

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    Quand l’être cher vient d’expirer,
    On sent obscurément la perte,
    On ne peut pas encor pleurer :
    La mort présente déconcerte ;

    Et ni le lugubre drap noir,
    Ni le dies irae farouche,
    Ne donnent forme au désespoir :
    La stupeur clôt l’âme et la bouche.

    Incrédule à son propre deuil,
    On regarde au fond de la tombe,
    Sans rien...

  • O Vierges ! n’est-ce pas qu’autour de mon supplice,
    Vos danses mèneront, sous la lune complice,
    Une orgie en démence au rythme bondissant,
    Et, de l’antique Olympe ébranlant les murailles,
    Feront mes funérailles
    ...

  • C’était un soir du monde austral océanique.
    Écarlate, à demi baigné des flots dormants,
    Le soleil flagellait de ses rayonnements
    Les longues houles d’or de la Mer Pacifique.

    Les lames, tour à tour, et près de s’assoupir,
    À travers le corail des récifs séculaires,
    S’en venaient, le marbrant de leurs écumes claires,
    S’éteindre sur le sable en un grave...

  • Bien au delà des Jours, des Ans multipliés,
    Du vertige des Temps dont la fuite est sans trêve,
    Voici ce que j’ai vu, dans l’immuable rêve
    Qui me hante, depuis les songes oubliés.

    J’errais, seul, sur la Terre. Et la Terre était nue.
    L’...

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    La dernière forêt qui reste aux monts Arvernes
    A l'homme des vieux jours prête encor ses cavernes ;
    Là, sous les fiers sapins qui seuls ont survécu,
    Il fuit les temps nouveaux, rebelle et non vaincs.
    Comme les loups tapis dans les creux du basalte,
    Le Celte, ami de l’ombre et que la nuit exalte,
    Vit longtemps à ses pieds, défendu par les bois,
    ...

  • J’ai dit souvent : Dieu confonde
    Ce monde et tout avec lui !
    Mais, quand de ce pauvre monde
    Le jour suprême aura lui,
    Changeant de ton dès l’aurore,
    Je dirai, j’en fais l’aveu :
    Pauvre globe, tourne encore,
    Tourne, tourne encore un peu.

    À cette heure épouvantable,
    Tous vos hôtels trembleront,
    Riches ; et de votre table
    Bien...