• A ma sœur Laurence.

    Je t’aime parce que tu m’aimes, sœur gentille,
    Parce que dans ce monde où je me sens errer,
    Je n’ai que toi pour bien et pour toute famille,
    Et parce que je n’ai que ton sein où pleurer.

    Je t’aime parce que notre si bonne mère,
    De sa tonbe où sur nous son regard veille...

  • Vous étiez gaie, on dit très bien, comme un pinson,
    Vous étiez vive, on dit aussi, comme la poudre ;
    Et votre voix, avec les éclats de la foudre,
    Avait l’accent léger d’une jeune chanson !

    Oui, gaie et vive, ainsi qu’un soldat fier garçon
    Qui va danser au bal, la veille d’en découdre,
    Et… française, pareille au grondement des foudres,
    D’une...

  •  
    Or, pendant que Jésus soupait, à Béthanie,
    Entouré de fervents, chez Simon le lépreux,
    Madeleine franchit le seuil du malheureux,
    Et, souriant avec une grâce infinie
    Au Christ qui lui montrait de son regard les cieux,
    Elle baigna son front d’un parfum précieux.

    Cette profusion indigna les apôtres.
    — Nous pouvions, disaient-ils, vendre cher ce...

  •  
    Enfant, as-tu trouvé de l’amertume au fond
    Du vase éblouissant qui te versait la vie,
    Que tu viens d’écarter tout à coup ton beau front
    De la foule où naguère on te voyait ravie ?

    Si jeune encore, as-tu déjà fait des ingrats ?
    As-tu vu s’envoler quelque illusion blonde ?
    Le sort ne veut-il plus te bercer dans ses bras ?
    Oh ! dis-moi donc...

  •  
    Comme l’oiseau frileux qui s’enfuit à l’automne,
    Vous nous avez quittés quand octobre est venu,
    Alors qu’à nos carreaux la bise monotone
    Pleurait en secouant les bras de l’arbre nu.

    Vous envoler, c’était faire envoler la joie
    Qu’en passant vous laissiez tomber sur chaque seuil,
    C’était rendre plus morne encor mon front qui ploie ;
    Dans nos...

  •  
    I

    Avant de terminer, mère, un dernier volume,
    Je suis venu, d’un pas ému, te l’apporter.
    Mère, au bord de ta fosse, où l’oiseau vient chanter,
    Sens-tu mon pied fouler le sol que mai parfume ?…

    Mère, dans ton cercueil, reconnais-tu ma voix ?…
    Avant d’ouvrir mon livre au grand souffle des cimes,
    Je suis venu t’offrir l’hommage de ces rimes,...

  •  

    Souvent, lorsque la nuit de mai pâle et pensive
    Envahit les grands flots du Fleuve qui s’endort,
    Écartant de la main la branche ou l’ajonc d’or,
    Je vais, distrait, fouler le sable de la rive.

    Tour à tour l’œil au ciel et sur l’eau fugitive
    Qui reflète en son calme azur les pins du Nord,
    J’aime à voir vers le sud cingler la nef massive
    Dont l’...

  • Tu m’as trahi, Nana, cette nuit, je le vois.
    Tout me le prouve, tout : tes yeux fanés, ta voix
    Qui ne peut me tromper, ta démarche lassée…
    Cette guirlande à tes cheveux entrelacée,
    Qui s’écroule… et tel un coquillage où les flots
    Ont, en partant, laissé l’écho de leurs sanglots,
    Ton oreille meurtrie et de baisers rougie,
    Qui tinte encor du bruit des...

  •  
    Quand l’archet palpitant fait ruisseler les sons
    Du stradivarius pressé sur ta poitrine,
    Il coule de ton bras comme une onde divine
    Qui jette dans les cœurs de sublimes frissons.

    Tour à tour sous tes doigts gazouillent les pinsons,
    Les épis des blés d’or, la source cristalline,
    Les bruits mystérieux de la conque marine,
    La harpe des roseaux,...

  • Frère Jacques, frère Jacques,
    Réveille-toi de ton sommeil d’hiver....