Souvent, lorsque la nuit de mai pâle et pensive
Envahit les grands flots du Fleuve qui s’endort,
Écartant de la main la branche ou l’ajonc d’or,
Je vais, distrait, fouler le sable de la rive.
Tour à tour l’œil au ciel et sur l’eau fugitive
Qui reflète en son calme azur les pins du Nord,
J’aime à voir vers le sud cingler la nef massive
Dont l’inlassable vol nargue en mer tout essor.
En suivant du regard son froid sillon sur l’onde,
Je songe au clair Midi que le soleil inonde,
Qu’embaument le muscat, la lavande et le miel.
Et, l’oreille tendue à la rumeur des grèves,
Tourné vers ton pays, maître, je fais des rêves
Profonds comme la mer, vastes comme le ciel.