Valentines et autres vers/À ma sœur Laurence

Je t’aime parce que tu m’aimes, sœur gentille,
Parce que dans ce monde où je me sens errer,
Je n’ai que toi pour bien et pour toute famille,
Et parce que je n’ai que ton sein où pleurer.

Je t’aime parce que notre si bonne mère,
De sa tonbe où sur nous son regard veille encor,
M’a fait de bien t’aimer une loi qui m’est chère,
Et que ton amour seul de jour en jour plus fort
Mêle quelque douceur au regret de sa mort.

Je t’aimerai toujours pour que tu sois heureuse,
Et si nous le pouvons dans un commun accord,
Nous braverons les vents et la mer orageuse ;
Ensemble nous viendrons voguer au même bord,
Et nous nous trouverons ensemble dans le port.

Collection: 
1921

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Ni tout noirs, ni tout verts, couleur
D'espérances jamais en fleur,
Les ifs balancent des colombes,
Et cela réjouit les tombes.

Elles éclatent, dans les ifs,
Ainsi que des fruits excessifs,
Effeuillant leurs plumes perdues
Au vent des vieilles avenues...

C'est la triste feuille morte
Que le vent d'octobre emporte,
C'est la lune, au front du jour,
Que nulle étoile n'escorte,
Au soleil, c'est mon amour,
L'enfant plus pâle que blanche :
Beau fruit mourant sur la branche !

Mais quand la nuit est levée...

Nous habiterons un discret boudoir,
Toujours saturé d'une odeur divine,
Ne laissant entrer, comme on le devine,
Qu'un jour faible et doux ressemblant au soir.

Une blonde frêle en mignon peignoir
Tirera des sons d'une mandoline,
Et les blancs rideaux tout en...

Elle veille en sa chaise étroite ;
Quelque roi d'Egypte a sculpté
Dans l'extase et la gravité
Le corps droit et la tête droite.

Moitié coiffe et moitié bandeau,
Fond pur à des lignes vermeilles,
Un pan tourne autour des oreilles,
Sa robe est la prison...

Parmi les marbres qu'on renomme
Sous le ciel d'Athène ou de Rome,
Je prends le plus pur, le plus blanc,
Je le taille et puis je l'étale
Dans ta pose d'Horizontale
Soulevée... un peu... sur le flanc...

Voici la tête qui se dresse,
Qu'une ample chevelure...