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    À mon ami A. Pigny.

    I

    Soulevant le rideau des ombres,
    La pâle lune, lentement,
    Des fleuves noirs aux forêts sombres
    Étale son rayonnement,

    Et sur le vert tapis des mousses
    Où la nuit épand sa fraîcheur,
    On sent planer deux choses douces.
    La solitude et la blancheur.

    Jour timide, aube solitaire
    Qui nous...

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    LE clair de lune sur la ville est endormi.
    Dans le ciel ont coulé tant d’opales fondues
    Qu’au loin, dans la lumière et l’ombre confondues,
    Les astres éclipsés ne luisent qu’à demi.

    Dans l’éblouissement, les étoiles cachées
    Sont comme des yeux bleus qui regardent sans voir.
    Le clair de lune règne et, conquérant du soir,
    Fait un voile brillant...

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    La nuit avait semé ses nuages limpides
    Tout autour de la lune, astre rêveur et blanc,
    Qui, du ciel bleu foncé sur l’onde au pâle flanc,
    Semblait faire pleuvoir l’argent en jets fluides.
     
    La voile, au long du mât, pendait pleine de rides,
    Tant la brise était molle et le flot somnolent.
    Mes songes, balancés au gré du bateau lent,
    Suivaient...

  • Dans le ciel clair rayé par l’hirondelle alerte,
    Le matin qui fleurit comme un divin rosier
    Parfume la feuillée étincelante et verte
    Où les nids amoureux, palpitants, l’aile ouverte,
    À la cime des bois chantent à plein gosier
    Le matin qui...

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    Et la reine des nuits au pâle et doux rayon,
    Prend son essor léger des bords de l’horizon,
    Et monte en se berçant dans les airs qui blanchissent ;
    A son brillant aspect les étoiles pâlissent,
    Effaçant dans l'azur leurs timides clartés.
    Mais la tendre lueur coule à flots argentés
    Et fait briller des mers la surface immobile.
    Le jeune homme au...

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    Combien de fois, ô Lune, en ces paisibles heures
    Où l’ombre de la nuit s’épand sur nos demeures,
    Quand ton globe d’argent montait à l’horizon,
    J’ai promené mon rêve à travers le gazon
    Où tes rayons lactés glissaient avec mollesse !
    Des saules éplorés éclairant la tristesse,
    Tu dormais à mes pieds sur la mousse et les fleurs,
    Et, du dôme des...

  • Ce soir, an fond d'un ciel uniforme d'automne,
    La lune est toute seule ainsi qu'un bâtiment
    Perdu sur les déserts marins, et lentement
    Vogue dans l'infini de la nuit monotone.

    Ce n'est pas la clarté des monotones nuits
    Brillantes d'or fluide et de brume opaline ;
    Mais le ciel gris est plein de tristesse câline
    Ineffablement douce aux coeurs...

  • Oh ! qu'il est doux, quand l'heure tremble au clocher,
    la nuit, de regarder la lune qui a le nez fait comme
    un carolus d'or !

    Deux ladres se lamentaient sous ma fenêtre, un chien
    hurlait dans le carrefour, et le grillon de mon foyer
    vaticinait tout bas.

    Mais bientôt mon oreille n'interrogea plus qu'un silence
    profond. Les lépreux étaient...

  • A l'heure, où les bois d'aubépines,
    De combe en combe au loin neigeant,
    Apparaîtront dans les ravines
    Comme un léger brouillard d'argent,

    Nous irons dans la forêt brune,
    Dans l'ombre, écouter les récits,
    Que fait aux bois le clair de lune,
    Ce bleuâtre amant des taillis :

    Contes païens, récits épiques,
    Dont les combats, tragique enfer,...

  • À Henri Winter.

    Minuit faisait jaillir, comme des étincelles,
    Les gerbes de ses sons qui, palpitant des ailes,
    Montaient et vibraient en tremblant,
    L'air était sec et vif ; la nuit calme et splendide ;
    Et le dôme du ciel, sans vapeur et sans ride,
    Était couvert d'or scintillant.

    La lune avait tendu les blancheurs de son voile ;
    On eût dit qu'...