À qui rêves-tu si tu rêve,
Front bombé que j’adore et voudrais entr’ouvrir,
Entr’ouvrir d’un baiser pénétrant comme un glaive,
Pour voir si c’est à moi, — que tu fais tant souffrir !
O front idolâtré, mais fermé, — noir mystère,
Plus noir que ces yeux noirs qui font la Nuit en moi,
Et dont le sombre feu nourrit et désespère
L’amour...
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Madame, je pourrais vous dire
Que vos beaux yeux
Que chacun avec crainte admire
Sont plus azurés que les cieux
Mais à quoi bon ? Vous ne feriez qu’en rire.Je pourrais vous dire bien bas
Que tous vos charmes
Que tous vos merveilleux appas
Ont souvent fait couler des larmes ;
Mais à quoi bon ? Vous ne le croiriez pas.Enfin,...
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A quoi bon revenir encore avec envie
Au souvenir des lieux que nous avons quittés !
Que nous fait le pays où coule notre vie ?
La nature partout a les mêmes beautés.Pourvu qu’un coin du ciel sur notre tête brille,
Pourvu qu’un arbre vert ombrage notre seuil,
Que le soir, en rentrant, une douce famille
Nous réchauffe le cœur par son joyeux... -
XXIII
À quoi je songe ? — Hélas ! loin du toit où vous êtes,
Enfants, je songe à vous ! à vous, mes jeunes têtes,
Espoir de mon été déjà penchant et mûr,
Rameaux dont, tous les ans, l’ombre croît sur mon mur,
Douces âmes à peine au... -
À quoi pense la Nuit, quand l’âme des marais
Monte dans les airs blancs sur tant de voix étranges,
Et qu’avec des sanglots qui font pleurer les anges
Le rossignol module au milieu des forêts ?…À quoi pense la Nuit, lorsque le ver luisant
Allume dans les creux des frissons d’émeraude,
Quand murmure et parfum, comme un zéphyr qui rôde,
... -
Lorsque avec les sons
Dont tu les complètes,
Tu fais des chansons
De mes odelettes,
Mille aspects divers
De grâce physique
Naissent dans mes vers
Avec ta musique !A ta seule voix,
Tout en eux s’éveille
Et vit à la fois.
O rare merveille !... -
Hélas ! en aucun lieu sous le soleil,
Bannière au clair, ne s’exaltent les chevauchées
Des escadrons bondissants et vermeils.
Tout se passe là-bas, en des plaines transies,
En France, en Allemagne,... -
Ce temps est si sévère
Qu’on n’ose pas
Remplir deux fois son verre
Dans un repas,Ni céder à l’ivresse
De son désir,
Ni chanter sa maîtresse
Et le plaisir !On croit que, pour paraître
Rempli d’orgueil,
Il est distingué d’être... -
Poète de cape et d’épée
À qui n’a jamais résisté
Ni la Muse ni la Beauté,
Ni la Grâce désoccupée,
Thaumaturge d’amour, qui peux d’une poupée
Faire un démon de volupté !Tu redemandes cette histoire
Qu’aux temps si fous de mon passé
J’écrivis, un soir, de mémoire,
Avec de l’encre... -
Ô maître des charmeurs de l’oreille, ô Ronsard,
J’admire tes vieux vers, et comment ton génie
Aux lois d’un juste sens et d’une ample harmonie
Sait dans le jeu des mots asservir le hasard.Mais, plus que ton beau verbe et plus que ton grand art,
J’aime ta passion d’antique poésie
Et cette téméraire et sainte fantaisie
D’être un nouvel Orphée...