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    Je disais l’an passé : voici le jour de fête,
    Charles m’attend : je veux, ceignant de fleurs ma tête,
    M’offrir avec ma fille à son premier coup d’œil ;
    Quand ce jour reviendra, ramené par l’année,
    Si je lui porte un fils, fruit de notre hyménée,
    Mon bonheur sera de l’orgueil.

    L’année a fui : voici le jour de fête !
    Est-ce une fête, hélas ! que...

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    Les vents sont accourus : leur troupe déchaînée
    Déjà vers son déclin précipite l’année.
    Déjà n’offrant par-tout qu’un aride coup-d’oeil,
    L’automne se dépouille ; et la forêt en deuil,
    Impuissante à garder un reste de verdure,
    Sent mourir tous ses sucs liés par la froidure.
    Le ciel même est changé. L’aurore au front vermeil
    Se cache : elle s’...

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    L’érable nu frissonne, et de jaunes débris
    Chaque sentier se couvre et chaque seuil s’encombre.
    La rafale à travers les branches a des cris
    Plaintifs comme le glas qui sanglote dans l’ombre.

    Les bruits assourdissants croissent sous les grands bois
    Agités et tordus comme une sombre houle.
    Les hommes de chantier sont partis pour cinq mois,
    Et le...

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    LE FILS.

    Quand le froid des hivers chasse les hirondelles
    Loin de notre pays, ma mère, où s’en vont-elles ?

    LA MÈRE.

    Mon fils, d’un vol rapide elles passent les mers.
    Et retrouvent ensemble, après un long voyage,
    Un ciel bleu, du soleil et de grands arbres verts.

    LE FILS.

    Mère, il est donc là-bas un paisible rivage
    Où ne...

  • Les grand’routes tracent des croix
    À l’infini, à travers bois ;
    Les grand’routes tracent des croix lointaines
    À l’infini, à travers plaines ;
    Les grand’routes tracent des croix
    Dans l’air livide et froid,
    Où voyagent les vents déchevelés
    À l’infini, par les allées.

    Arbres et vents pareils aux pèlerins,
    Arbres tristes et...

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    Quand l'automne, abrégeant les jours qu'elle dévore,
    Eteint leurs soirs de flamme et glace leur aurore,
    Quand novembre de brume inonde le ciel bleu,
    Que le bois tourbillonne et qu'il neige des feuilles,
    O ma muse ! en mon âme alors tu te recueilles,
    Comme un enfant transi qui s'approche du feu.

    Devant le sombre hiver de Paris qui bourdonne,
    ...

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    Il faisait aussi clair qu’à trois heures du soir,
    Lorsque, las de fumer, de lire et de m’asseoir,
    Emportant avec moi le rêve qui m’agite,
    J’abandonnai ma chambre et sortis de mon gîte.
    Et j’errai. Tout le ciel était si lumineux,
    Que les rochers devaient sentir passer en eux
    Des caresses de lune et des frissons d’étoiles.
    La terrible araignée...

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    COMME Novembre est doux, ce matin, dans la brume…
    Le soleil, entre deux nuages gris, s’allume
    Et s’éteint comme sous la paupière un regard.
    On dirait que l’Eté rôde au loin, quelque part…
    C’est son haleine qui voltige tiède et lente,
    Moins le parfum hier encore respiré
    Dans le brouillard ténu de la ville bruyante ;
    Et c’est comme un retour de...

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    De grands nuages gris estompent l’horizon ;
    Le soleil jette à peine un regard à la terre ;
    Les feuilles et les fleurs roulent sur le gazon,
    Et le torrent gonflé gronde comme un tonnerre.

    Adieu le soir serein ! adieu le matin clair !
    Adieu le frais ombrage ! adieu les folles courses !
    Adieu les voix d’oiseaux qui se croisent dans l’air !
    Adieu...

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    Un beau ciel de novembre aux clartés automnales
    Baignait de ses tiédeurs les vallons vaporeux ;
    Les feux du jour buvaient les gouttes matinales
    Qui scintillaient dans l’herbe au bord des champs pierreux.

    Les coteaux de Lormont, où s’effeuillaient les vignes,
    Étageaient leurs versants jaunis sous le ciel clair ;
    Vers l’orient fuyaient et se perdaient...