Rayon de novembre

 

COMME Novembre est doux, ce matin, dans la brume…
Le soleil, entre deux nuages gris, s’allume
Et s’éteint comme sous la paupière un regard.
On dirait que l’Eté rôde au loin, quelque part…
C’est son haleine qui voltige tiède et lente,
Moins le parfum hier encore respiré
Dans le brouillard ténu de la ville bruyante ;
Et c’est comme un retour de Septembre égaré
Mais les arbres n’ont plus de feuilles ; la lumière
N’y fait plus resplendir ses flammes coutumières,

Et la pensée en pleurs songe sur un tombeau…

C’est un jour condamné, comme un enfant trop beau,
Tardivement venu contre toute espérance,
Et qui meurt en laissant aux yeux sa souvenance.
Dans la procession des jours, jour attardé
Par le plaisir de s’être vu tant regardé,
Quand il passait joyeux par les champs à l’automne,
Derrière ses aînés graves et monotones.
Le voilà solitaire au seuil du rude hiver,
Insouciant, comme il marchait sur le sol vert !
Mais c’en est fait déjà de cette douceur grise :
Le soir prompt et la nuit, procédant par surprise,
Ont cueilli le beau jour vagabond qui riait.

Et l’enfant pâle meurt en l’infini muet…

Collection: 
1898

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