Théodore de Banville

  • Camille, quand la Nuit t'endort sous ses grands voiles ;
    Quand un rêve céleste emplit tes yeux d'étoiles ;
    Quand tes regards, lassés des fatigues du jour,
    Se reposent partout sur des routes fleuries
    Dans le pays charmant des molles rêveries,
    Camille, que vois-tu dans tes...

  •  
    Il est de par le monde une cité bizarre,
    Où Plutus en gants blancs, drapé dans son manteau,
    Offre une cigarette à son ami Lazare,
    Et l’emmène souper dans un parc de Wateau.

    Les centaures fougueux y portent des badines ;
    Et les dragons, au lieu de garder...

  •  
    Viens. Sur tes cheveux noirs jette un chapeau de paille.
    Avant l'heure du bruit, l'heure où chacun travaille,
    Allons voir le matin se lever sur les monts
    Et cueillir par les prés les fleurs que nous aimons.
    Sur les bords de la source aux moires assouplies,
    ...

  •  

    J’ai vu ces songeurs, ces poètes,
    Ces frères de l’aigle irrité,
    Tous montrant sur leurs nobles têtes
    Le signe de la Vérité.

    Et près d’eux, comme deux statues
    Qui naquirent d’un même effort,
    Se tenaient, de blancheur vêtues,
    Deux vierges, la...

  •  
     Ma foi, mon espoir, mes chants fiers et doux,
     Je t'ai tout donné, jusqu'à mon courroux.
     Ce n'est pas assez, dit ton cœur jaloux.
           Il a bien raison !

     Il me faut bénir ta blonde toison,
     Tes beaux yeux armés pour la trahison,
     Et ton sein de...

  •  
    D’un plus hault vol, d’aile mieux emplumée
    Ne la pouuoit rauir ce petit Dieu ;
    Et ne pouuoit encor’ en plus hault lieu,
    Ny en plus seur sa flamme estre allumée.
    Ioachim Du Bellay, Inscriptions.

    L’été brille ; Phœbus perce de mille...

  •  
          Toi dont les cheveux doux et longs
          Se déroulent en onde fière,
          Comme les flots de ta rivière,
          O belle fille de Châlons !
          Penche ta tête parfumée,
          Que je puisse, ô ma bien-aimée !
          Voir baigné par ces cheveux...

  •  

    La ville, mer immense, avec ses bruits sans nombre,
    À sur les flots du jour replié ses flots d’ombre,
    Et la Nuit secouant son front plein de parfums,
    Inonde le ciel pur de ses longs cheveux bruns.
    Moi, pensif, accoudé sur la table, j’écoute
    Cette haleine...

  • Nymphe blanche et robuste,
    Dont les bras et le buste
    Défieraient les Titans
    Et les autans ;

    Délice de la lyre,
    Qui dus naître et sourire,
    Colosse harmonieux,
    Au temps des Dieux,

    Ne crains plus, forme altière,
    De mourir tout entière,
    ...

  • Le beau monstre, à demi couché dans l'ombre noire,
    Laissait voir seulement sa poitrine d'ivoire
    Et son riant visage et ses cheveux ardents,
    Et Thésée, admirant la blancheur de ses dents,
    Regardait ses bras luire avec de molles poses,
    Et de ses seins aigus fleurir...