Théodore de Banville

  • Muse au beau front, muse sereine,
    Plus de satire, j'y consens.
    N'offensons pas avec ma haine
    Le calme éther d'où tu descends.
    Je chante en ces vers caressants
    Une lèvre de pourpre, éclose
    Sous l'éclair des cieux rougissants,
    Ici tout est couleur de rose.
    ...

  • Un tout petit pamphlétaire
    Voudrait se tenir debout
    Sur le fauteuil de Voltaire.

    Je vois sous ce mousquetaire,
    Dont le manteau se découd,
    Un tout petit pamphlétaire.

    Renvoyez au Finistère
    Le grain frelaté qu'il moud
    Sur le fauteuil de Voltaire...

  • Sois le bienvenu, rouge Automne,
    Accours dans ton riche appareil,
    Embrase le coteau vermeil
    Que la vigne pare et festonne.

    Père, tu rempliras la tonne
    Qui nous verse le doux sommeil ;
    Sois le bienvenu, rouge Automne,
    Accours dans ton riche appareil....

  • Élite du monde élégant,
    Qui fuis le boulevard de Gand,
    O troupe élue,
    Pour nous suivre sur ce tréteau
    Où plane l'esprit de Wateau,
    Je te salue !

    Te voilà ! Nous pouvons encor
    Te dévider tout le fil d'or
    De la bobine !
    En un rêve...

  • Il est dans l'île lointaine
    Où dort la péri,
    Sur le bord d'une fontaine,
    Un rosier fleuri

    Qui s'orne toute l'année
    Des plus belles fleurs.
    Il est une coupe ornée
    De mille couleurs,

    Dont le sein de marbre voile
    Les flots d'un doux vin....

  • Ami, partez sans émoi ; l'Amour vous suit
    Pour faire fête à votre belle hôtesse.
    Vous dites donc qu'on aura cette nuit
    Souper au vin du Rhin, grande liesse
    Et cotillon chez une poëtesse.
    Que j'aime mieux dans les quartiers lointains,
    Au grand soleil ouvert tous les...

  • Il brille, le sauvage Été,
    La poitrine pleine de roses.
    Il brûle tout, hommes et choses,
    Dans sa placide cruauté.

    Il met le désir effronté
    Sur les jeunes lèvres décloses ;
    Il brille, le sauvage Été,
    La poitrine pleine de roses.

    Roi superbe, il...

  • Te voilà, rire du Printemps !
    Les thyrses des lilas fleurissent.
    Les amantes qui te chérissent
    Délivrent leurs cheveux flottants.

    Sous les rayons d'or éclatants
    Les anciens lierres se flétrissent.
    Te voilà, rire du Printemps !
    Les thyrses de lilas...

  • Quand les trois déités à la charmante voix
    Aux pieds du blond Pâris mirent leur jalousie,
    Pallas dit à l'enfant: Si ton coeur m'a choisie,
    Je te réserverai de terribles exploits.

    Junon leva la tête, et lui dit : Sous tes lois
    Je mettrai, si tu veux, les trônes de l...

  • Aimons-nous et dormons
    Sans songer au reste du monde !
    Ni le flot de la mer, ni l'ouragan des monts,
    Tant que nous nous aimons
    Ne courbera ta tête blonde,
    Car l'amour est plus fort
    Que les Dieux et la Mort !

    Le soleil s'éteindrait
    Pour laisser ta...