Théodore de Banville

  • Le pêcheur, vidant ses filets,
    Voit les poissons d'or de la Loire
    Glacés d'argent sur leur nageoire
    Et mieux vêtus que des varlets.

    Teints encor des ardents reflets
    Du soleil et du flot de moire,
    Le pêcheur, vidant ses filets,
    Voit les poissons d'or...

  • La sombre forêt, où la roche
    Est pleine d'éblouissements
    Et qui tressaille à mon approche,
    Murmure avec des bruits charmants.

    Les fauvettes font leur prière ;
    La terre noire après ses deuils
    Refleurit, et dans la clairière
    Je vois passer les doux...

  • Jeune homme sans mélancolie,
    Blond comme un soleil d'Italie,
    Garde bien ta belle folie.

    C'est la sagesse ! Aimer le vin,
    La beauté, le printemps divin,
    Cela suffit. Le reste est vain.

    Souris, même au destin sévère :
    Et, quand revient la...

  • Oui, pour le moins, laissez-moi, jeune Ismène,
    Pleurer tout bas ; si jamais, inhumaine,
    J'osais vous peindre avec de vrais accents
    Le feu caché qu'en mes veines je sens,
    Vous gémiriez, cruelle, de ma peine.

    Par ce récit, l'aventure est certaine,
    Je changerais...

  • Fille du grand Daumier ou du sublime Cham,
    Toi qui portes du reps et du madapolam,
    O Muse de Paris ! toi par qui l'on admire
    Les peignoirs érudits qui naissent chez Palmyre,
    Toi pour qui notre siècle inventa les corsets
    A la minute, amour du puff et du succès !...

  • Comme le Cygne allait nageant
    Sur le lac au miroir d'argent,
    Plein de fraîcheur et de silence,
    Les Corbeaux noirs, d'un ton guerrier,
    Se mirent à l'injurier
    En volant avec turbulence.

    Va te cacher, vilain oiseau !
    S'écriaient-ils. Ce damoiseau
    Est...

  • Enfuyons-nous, mes amis ! se peut-il
    Qu'à ces bourgeois le destin nous condamne ?
    Allons revoir, dans le rêve subtil
    Où son amant se fait gratter le crâne,
    Titania baisant la tête d'âne.
    Partons, avec nos appâts d'oiseleurs !
    Cherchons les doux sommeils ensorceleurs...

  • Dans les grottes sans fin brillent les Stalactites.

    Du cyprès gigantesque aux fleurs les plus petites,
    Un clair jardin s'accroche au rocher spongieux,
    Lys de glace, roseaux, lianes, clématites.

    Des thyrses pâlissants, bouquets prestigieux,
    Naissent, et leur...

  • Viens. Sur tes cheveux noirs jette un chapeau de paille.
    Avant l'heure du bruit, l'heure où chacun travaille,
    Allons voir le matin se lever sur les monts
    Et cueillir par les prés les fleurs que nous aimons.
    Sur les bords de la source aux moires assouplies,
    Les nénufars...

  • A cette heure où les coeurs, d'amour rassasiés,
    Flottent dans le sommeil comme de blanches voiles,
    Entends-tu sur les bords de ce lac plein d'étoiles
    Chanter les rossignols aux suaves gosiers ?

    Sans doute, soulevant les flots extasiés
    De tes cheveux touffus et de...