Sébastien-Charles Leconte

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    Orgueil ! ô loi suprême et suprême devoir,
    Fait de majesté sainte et de beauté pensive,
    Seul culte dont la foi ne puisse décevoir,
    Seul rêve d’infini qui, dans le tombeau noir,
          Au vieux rêve divin survive !

    Sombre consolateur de notre cœur blessé,...

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    Puisque tu viens, Épouse austère,
    Immortelle et sainte Raison,
    Châtier des dieux de la Terre
    L’inconsciente trahison,
    Dépouille, ô flamme solitaire,
    La sombre forêt du mystère
    De sa malsaine frondaison,
    Et chasse l’ombre délétère
    Des désirs...

  • Ô Maître centenaire assis sur ta terrasse !
    Le Monde depuis tant de jours est sous ta loi
    Qu’il a presque oublié quelle heure te fit Roi,
    Et ton profond regard, où couve l’ombre, embrasse
    Les horizons conquis par le glaive et la foi.

    Des plateaux de l’Iran jusqu’au...

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    Alors il me sembla que j’étais sur la tour
    La plus haute de ma pensée intérieure,
    Et qu’en mes yeux, fermés à la chute de l’heure,
    La froide éternité naissait avec le jour.

    Solitudes que des solitudes prolongent,
    Les cercles de la vie, à mes pieds étages,...

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    Houles des océans éternels, millions
    De croupes d’ombre et d’or par la révolte arquées,
    Hurlant l’horreur de vos vaines rébellions
    Dans un fracas d’éclairs et de chaînes choquées,

    Qu’aux mailles de ses lourds filets aux nœuds de fer
    La pesanteur fatale...

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    Je suis tombé des cieux ardents de ma pensée,
    Et je gis, faible et nu, sous la haine glacée
    Du seuil où se brisa l’orgueil des chars de feu,
          Comme, en l’horreur qui le protège,
    Gît le cadavre foudroyé du sacrilège
    Qu’ont jeté dans la nuit les vengeurs...

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    A l’œuvre donc, ô sombre et pur esprit humain !
    Debout ! Rhéteurs couchés dans les fleurs du chemin,
    Sages assis sous les grands arbres de la route !
    Empédocles de la connaissance, debout !
    A l’horizon sanglant le volcan gronde et bout ;
    Que vos pieds,...

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    Et j’ai connu l’Enfer intérieur de l’Homme,
    La géante cité d’éternel désespoir,
    Qui lève, dans un jour sans aurore et sans soir,
    Son amoncellement de terrasses, que somme
    Une mitre de tours, rouges sous le ciel noir,

    L’inébranlable bloc dont la fatale...

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    Les ténèbres du soir sont l’obscure muraille
    Que chaque nuit élève entre la vie et nous,
    Derrière qui, fugace et sinistrement doux,
    L’invisible se meut comme un spectre, et nous raille.

    L’homme se trouble alors et n’ose pas savoir
    Si cette Sœur muette a nos...

  • O Vierges ! n’est-ce pas qu’autour de mon supplice,
    Vos danses mèneront, sous la lune complice,
    Une orgie en démence au rythme bondissant,
    Et, de l’antique Olympe ébranlant les murailles,
    ...