Émile Verhaeren

  • Ô race humaine aux astres d’or nouée,
    As-tu senti de quel travail formidable et battant,
    Soudainement, depuis cent ans,
    Ta force immense est secouée ?

    Du fond des mers, à travers terre et cieux,
    Jusques à l’...

  • Les passions d’éveil et de savoir ? — Vidées.

    Alors, viens voir ton bel ange gardien, le tien,
    Qui lentement s’assied sur tes tombeaux d’idées.

    Il te parle, très doucement, de l’autrefois ;
    Écoute : et les saluts, jadis, à l’oratoire,
    Et les Noël et les Pâques et...

  • Mon esprit triste, et las des textes et des gloses,
    Souvent s’en va vers ceux qui, dans leur prime ardeur,
    Avec des cris d’amour et des mots de ferveur,
    Un jour, les tout premiers, ont dénommé les choses.

    Ne sachant rien,
    Ils découvraient en s’exaltant
    La...

  • Là-bas, cette existence en noir de grandes vieilles,
    Par les enclos en noir et les porches d’église,
    Cette existence et de prières et de veilles,
    Le soir, sous leurs mantes en noir, qu’immobilise,
    Et pendant des heures et des heures, l’extase
    Au pied d’un ostensoir...

  • Voici trois mois qu’on l’a porté en terre,

    Et le désir des héritiers
    Est qu’on vende, jusqu’au dernier,
    Aux volantes enchères,
    Les meubles familiers

    Du vieux notaire.

    ...
  • Sur la bruyère longue infiniment.
    Voici le vent cornant Novembre,
    Sur la bruyère, infiniment,
    Voici le vent
    Qui se déchire et se démembre,
    En souffles lourds, battant les bourgs,
    Voici le vent.
    Le vent sauvage de Novembre.

    Aux...

  • LE VENT

    De part en part,

    À chaque angle, par chaque fente,
    Sous les averses,
    Les glaives nus du vent...

  • Dès le matin, au seuil des bouges,

    Sous une tente ouverte à l’air,
    S’assoient les gais vanniers,
    Mêlant les osiers rouges
    Aux clairs osiers

    De leurs paniers.

    ...
  • L’or migrateur qui passe où s’exalte la force
    Avait choisi jadis, en son vol arrogant,
    Pour double colombier glorieux, Bruge et Gand,
    Dont les beffrois dressaient, au grand soleil, leurs torses.

    Les deux cités dardaient un pouvoir inégal,
    Mais un égal orgueil vers...

  • LE VALET DE CŒUR

    Au bal de la Reine de Pique

    Un valet rouge est aperçu.
    « Toi, l’As, pourquoi l’avoir...