Émile Verhaeren

  • Et des bouches d’argent et des regards de pierre
    Taisent immensément le glacial mystère
    De ce minuit, dallé d’ennui.

    En des cirques d’éther et d’or, seules et seules,
    Les constellations tournent comme les meules
    De ce minuit, dallé d’ennui

    Des monuments...

  • Celui qui me lira, dans les siècles, un soir,
    Troublant mes vers, sous leur sommeil ou sous leur cendre,
    Et ranimant leur sens lointain pour mieux comprendre
    Comment ceux d’aujourd’hui s’étaient armés d’espoir,

    Qu’il sache, avec quel violent élan, ma...

  • C’était, dans la campagne émerveillée, un coin,
    Où la prairie au clair brillait comme un visage,
    Où deux grands étangs bleus s’arrondissaient au loin,
    Comme un double baiser du ciel au paysage.

    Sur les mousses de vair et les pierrailles d’or,
    Les...

  • Elle eut trois fils ; tous trois sont tombés à Boncelle.
    Le soir se fait. J’entends parler sa tendre voix.
    Un trop rouge soleil joue encor dans les bois,
    Mais la douceur de l’ombre est flottante autour d’elle.

    Bien que toute heure, hélas ! lui soit une heure triste ;...

  • LE TUNNEL

    Partout l’œuvre de fer s’exalte et se poursuit.

    Le mont, comme une immense usine, entend, la nuit,
    Sonner les sourds marteaux sur les claires enclumes.
    D’immenses torches d’or dans les sentiers s’allument....

  • LES TROIS PUCELLES DE BRUXELLES

    Légende de la bonne humeur
    brabançonne....
  •  
    Sur un chemin compact, de pierraille et de cendre,
    À travers bois, taillis, fleuves, moissons et prés,
    Sous les pâles matins ou les couchants pourprés,
    Les trains quotidiens font le tour de la Flandre.

    Ils vont, fumée au vent, sur leurs deux rails déserts,
    ...

  • Sur un chemin compact, de pierraille et de cendre,
    A travers bois, taillis, fleuves, moissons et prés,
    Sous les pâles matins ou les couchants pourprés,
    Les trains quotidiens font le tour de la Flandre.

    Jadis, on les voyait rouler presque avec crainte :
    Les bœufs...

  • Rocs de désespoir immensément tordus
    Vers le ciel lourd, voici les consolants hivers
    Et la fraîche blancheur et les brouillards pendus
    Aux bras, pitié ! pitié ! de vos mélèzes verts ;

    Voici le grand silence et la neige du soir.

    Voix de granit, combats d’ombre,...

  • Ô peuple de héros par la mort transformés,
    Depuis que vous voilà disparus sous la terre,
    Dans l’innombrable deuil et dans la nuit austère
    Vous êtes la clarté de l’ombre où vous dormez.

    Des grèves de la Flandre aux confins de l’Istrie,
    Où que le sol renferme et...