Émile Verhaeren

  • Vous m'avez dit, tel soir, des paroles si belles
    Que sans doute les fleurs, qui se penchaient vers nous,
    Soudain nous ont aimés et que l'une d'entre elles,
    Pour nous toucher tous deux, tomba sur nos genoux.

    Vous me parliez des temps prochains où nos années,
    Comme...

  • Pour vivre clair, ferme et juste,
    Avec mon coeur, j'admire tout
    Ce qui vibre, travaille et bout
    Dans la tendresse humaine et sur la terre auguste.

    L'hiver s'en va et voici mars et puis avril
    Et puis le prime été, joyeux et puéril.
    Sur la glycine en fleurs...

  • Au fond du choeur monumental,
    D'où leur splendeur s'érige
    - Or, argent, diamant, cristal -
    Lourds de siècles et de prestiges,
    Pendant les vêpres, quand les soirs
    Aux longues prières invitent,
    Ils s'imposent, les ostensoirs,
    Dont les fixes joyaux méditent...

  • La plaine, au fond des soirs, s'est allumée,
    Et les tocsins cassent leurs bonds de sons,
    Aux quatre murs de l'horizon.

    - Une meule qui brûle ! -

    Par les sillages des chemins, la foule,
    Par les sillages des villages, la foule houle
    Et dans les cours,...

  • En un plein jour, larmé de lampes,
    Qui brûlent en l'honneur
    De tout l'inexprimé du coeur,
    Le silence, par un chemin de rampes,
    Descend vers ma rancoeur.
    Il circule très lentement
    Par ma chambre d'esseulement ;
    Je vis tranquillement en lui ;
    Il me...

  • Non plus parce qu'il vit d'angoisse et de souffrance,
    Mais parce qu'à chaque heure il crée une espérance,
    L'âpre univers est plein de foi.
    Il n'importe que sous les toits,
    Dans les demeures,
    Quand le jour naît ou qu'il décroît,
    Les prières au Christ en croix...

  • Calmes voluptueux, avec des encensoirs
    Et des rythmes lointains par le soir solitaire,
    Claire heure alanguissante et fondante des soirs,
    Le soir sur des lits d'or s'endort avec la terre,
    Sous des rideaux de pourpre, et longuement se tait !

    Calmes voluptueux,...

  • Veuves debout au long des mers,
    Les tours de Lisweghe et de Furnes
    Pleurent, aux vents des vieux hivers
    Et des automnes taciturnes.

    Elles règnent sur le pays,
    Depuis quels jours, depuis quels âges,
    Depuis quels temps évanouis
    Avec les brumes de leurs...

  • Il est des moines doux avec des traits si calmes,
    Qu'on ornerait leurs mains de roses et de palmes,

    Qu'on formerait, pour le porter au-dessus d'eux,
    Un dais pâlement bleu comme le bleu des cieux,

    Et pour leurs pas foulant les plaines de la vie,
    Une route d'...

  • Quand tu marches, le pas rythmé, le long des champs,
    Aime à nommer pour te plaire à toi-même
    Le sud, l'ouest, l'est, le nord,
    Mots clairs et doux, mots terribles et forts,
    Qui décorent les beaux poèmes.

    Qu'ils t'évoquent les bois, les monts et le soleil ;
    ...