Émile Verhaeren

  • Oh ces larges beaux jours dont les matins flamboient !
    La terre ardente et fière est plus superbe encor
    Et la vie éveillée est d'un parfum si fort
    Que tout l'être s'en grise et bondit vers la joie.

    Soyez remerciés, mes yeux,
    D'être restés si clairs, sous mon...

  • Ancres abandonnées sous des hangars maussades,
    Porches de suie et d'ombre où s'engouffrent des voix,
    Pignons crasseux, greniers obscurs, mornes façades
    Et gouttières régulières, au long des toits ;
    Et blocs de fonte et crocs d'acier et cols de grues
    Et puis, au bas des...

  • Nous avancions, tranquillement, sous les étoiles ;
    La lune oblique errait autour du vaisseau clair,
    Et l'étagement blanc des vergues et des voiles
    Projetait sa grande ombre au large sur la mer.

    La froide pureté de la nuit embrasée
    Scintillait dans l'espace et...

  • En ces heures de soir où sous la brume épaisse
    Le ciel voilé s'efface et lentement s'endort,
    Je marche recueilli, mais sans vaine tristesse,
    Sur la terre pleine de morts.

    Je fais sonner mon pas pour qu'encore ils l'entendent
    Et qu'ils songent, en leur sommeil...

  • Oh ! les heures du soir sous ces climats légers,
    La lumière en est belle et la lune y est douce,
    Et l'ombre souple et claire y répand sur les mousses
    Les mobiles dessins d'un feuillage étranger.

    Oliviers d'Aragon, figuiers de Catalogne,
    Hameaux calmes et blancs...

  • Pâles, nerveux et seuls, les tragiques malades
    Vivent avec leurs maux. Ils regardent le soir
    Se faire dans leur chambre et grandir les façades.
    Une église près d'eux lève son clocher noir,

    Heure morte, là-bas, quelque part, en province,
    En des quartiers perdus, au...

  • Vagues d'argent et beau ciel clair
    Le flot sur les grèves se vide.
    Les cinq pêcheurs équestres de Coxyde
    Pèchent nonchalamment, sur le bord de la mer.

    Dans les lueurs et dans les moires
    Des vagues pâles, passent,
    Allant, venant,
    Leurs silhouettes noires...

  • Que tes yeux clairs, tes yeux d'été,
    Me soient, sur terre,
    Les images de la bonté.

    Laissons nos âmes embrasées
    Revêtir d'or chaque flamme de nos pensées.

    Que mes deux mains contre ton coeur
    Te soient, sur terre,
    Les emblèmes de la douceur.
    ...

  • Ô la splendeur de notre joie
    Tissée en or dans l'air de soie !

    Voici la maison douce et son pignon léger,
    Et le jardin et le verger.

    Voici le banc, sous les pommiers
    D'où s'effeuille le printemps blanc,
    A pétales frôlants et lents.

    Voici...

  • Oh ! Les éveils des bourgades sous l'or des branches,
    Où courent la lumière et l'ombre - et les roseaux
    Et les aiguilles d'or des insectes des eaux
    Et les barres des ponts de bois et leurs croix blanches.

    Et le pré plein de fleurs et l'écurie en planches
    Et le...