Émile Verhaeren

  • Un bloc de marbre où son nom luit sur une plaque.

    Ventre riche, mâchoire ardente et menton lourd ;
    Haine et terreur murant son gros front lourd
    Et poing taillé pour fendre en deux toutes attaques.

    Le carrefour, solennisé de palais froids,
    D'où ses regards...

  • Si d'autres fleurs décorent la maison
    Et la splendeur du paysage,
    Les étangs purs luisent toujours dans le gazon,
    Avec les grands yeux d'eau de leur mouvant visage.

    Dites de quels lointains profonds et inconnus
    Tant de nouveaux oiseaux sont-ils venus,
    Avec du...

  • Routes de fer vers l'horizon :
    Blocs de cendres, talus de schistes,
    Où sur les bords un agneau triste
    Broute les poils d'un vieux gazon ;
    Départs brusques vers les banlieues,
    Rails qui sonnent, signaux qui bougent,
    Et tout à coup le passage des yeux
    Crus et...

  • Larges voiles au vent, ainsi que des louanges,
    La proue ardente et fière et les haubans vermeils,
    Le haut navire apparaissait, comme un archange
    Vibrant d'ailes qui marcherait, dans le soleil.

    La neige et l'or étincelaient sur sa carène ;
    Il étonnait le jour...

  • Sur l'arrière de son bateau,
    Le batelier promène
    Sa maison naine
    Par les canaux.

    Elle est joyeuse, et nette, et lisse,
    Et glisse
    Tranquillement sur le chemin des eaux.
    Cloisons rouges et porte verte,
    Et frais et blancs rideaux
    Aux fenêtres...

  • (Les hôtes)

    - Ouvrez, les gens, ouvrez la porte,
    je frappe au seuil et à l'auvent,
    ouvrez, les gens, je suis le vent,
    qui s'habille de feuilles mortes.

    - Entrez, monsieur, entrez, le vent,
    voici pour vous la cheminée
    et sa niche badigeonnée ;...

  • Les fleurs du clair accueil au long de la muraille
    Ne nous attendent plus quand nous rentrons chez nous,
    Et nos étangs soyeux dont l'eau plane s'éraille
    Ne se prolongent plus sous les cieux purs et doux.

    Tous les oiseaux ont fui nos plaines monotones
    Et les...

  • Frère Jacques, frère Jacques,
    Réveille-toi de ton sommeil d'hiver
    Les fins taillis sont déjà verts
    Et nous voici au temps de Pâques,
    Frère Jacques.

    Au coin du bois morne et blêmi
    Où ton grand corps s'est endormi
    Depuis l'automne,
    L'aveugle et...

  • Sous la tristesse et l'angoisse des cieux
    Les lieues
    S'en vont autour des plaines ;
    Sous les cieux bas
    Dont les nuages traînent
    Immensément, les lieues
    Se succèdent, là-bas.

    Droites sur des chaumes, les tours ;
    Et des gens las, par tas,
    Qui vont...

  • L'âge est venu, pas à pas, jour à jour,
    Poser ses mains sur le front nu de notre amour
    Et, de ses yeux moins vifs, l'a regardé.

    Et, dans le beau jardin que Juillet a ridé,
    Les fleurs, les bosquets et les feuilles vivantes
    Ont laissé choir un peu de leur force...