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    Sommeil, fils de la nuit et frère de la mort ;
    Écoute-moi, Sommeil : lasse de sa veillée,
    La lune, au fond du ciel, ferme l’œil et s’endort
    Et son dernier rayon, à travers la feuillée,
    Comme un baiser d’adieu, glisse amoureusement,
    Sur le front endormi de son bleuâtre amant,
    Par la porte d’ivoire et la porte de corne.
    Les songes vrais ou faux...

  • Par quel crime, si jeune, ô des Dieux le plus doux,
    Par quel sort, ai-je pu perdre tes dons jaloux,
    Ô Sommeil ! — tu me fuis. — Tout dort dans la nature,
    Les troupeaux au bercail, l’oiseau dans la verdure ;
    Les fleuves mugissants, et de jour aux cent bruits,
    Assoupissent au loin leurs murmures des nuits ;
    Les cimes des grands bois penchent sous les rosées,...

  • JE voudrais les savoir, les mystiques paroles,
    Que la lune, le soir, verse sur les corolles ;
    Ce qu’elle dit au lac, je voudrais le trouver,
    Pour assoupir tes yeux à lueur trop profonde,
    Pour t’isoler du bruit et des désirs du monde,
    Pour te voir longuement et longuement rêver.

    Demain, je te dirai mes doutes et mes fièvres,
    Ce qui m’étreint le cœur...

  • Sur le grand lit drapé de rideaux de dentelle
    Qu’une pale veilleuse éclairait à demi,
    Je m’assis en silence, et, m’accoudant près d’elle,
    Longtemps je contemplai son visage endormi.

    Est-il des cœurs si faux que leur sommeil nous mente ?
    — Qui croire alors ? — Penché sur elle et sans parler,
    Je regardais dormir cette tête charmante
    Qu’un rêve...

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    ...

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    Penses-tu que ces fleurs, ces feuilles et ces fruits,
    Et cet âpre laurier plus amer que la cendre,
    Penses-tu que mes mains pour eux les aient cueillis ?

    Si j’ai mêlé tout bas à l’onde des fontaines
    Les larmes que leur eau pleure encore aujourd’hui,
    Crois-tu que j’ignorais combien elles sont vaines ?

    Si, debout, j’ai marché sur le sable changeant,...

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    Accoudés sur la table et déjà noyés d’ombre,
    Du haut de la terrasse à pic sur la mer sombre,
    Les amants, écoutant l’éternelle rumeur,
    Se taisent, recueillis devant le soir qui meurt.
    Alcis songe, immobile et la tête penchée.
    Canope avec lenteur de lui s’est rapprochée
    Et, lasse, à son épaule a laissé doucement
    Comme un fardeau trop lourd...

  • Enfant, dors dans ta corbeille;
    Plus beau que la fleur vermeille,
    Dors ! ta mère sur toi veille
    Comme un ange protecteur.
    Suspendus à ton sourire,
    A ta lèvre qui respire,
    Ses regards cherchent à lire
    Les doux rêves de ton cœur.

    Les palais de la lumière,
    Le cieux où tu fus naguère,
    Une riante chimère
    Les peint sans doute à tes...


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