•  

    Sommeil, fils de la nuit et frère de la mort ;
    Écoute-moi, Sommeil : lasse de sa veillée,
    La lune, au fond du ciel, ferme l’œil et s’endort
    Et son dernier rayon, à travers la feuillée,
    Comme un baiser d’adieu, glisse amoureusement,
    Sur le front endormi de son bleuâtre amant,
    Par la porte d’ivoire et la porte de corne.
    Les songes vrais ou faux...

  • Par quel crime, si jeune, ô des Dieux le plus doux,
    Par quel sort, ai-je pu perdre tes dons jaloux,
    Ô Sommeil ! — tu me fuis. — Tout dort dans la nature,
    Les troupeaux au bercail, l’oiseau dans la verdure ;
    Les fleuves mugissants, et de jour aux cent bruits,
    Assoupissent au loin leurs murmures des nuits ;
    Les cimes des grands bois penchent sous les rosées,...

  • XX

    AU STATUAIRE DAVID

    I

    David ! comme un grand roi qui partage à des princes
    Les états paternels provinces par provinces,...

  •  
    O toi que le bonheur redoute,
    Fatidique vieillard, seul ami du malheur,
    Dieu qui portes la faux, éternel moissonneur,
    O Temps ! — ma voix t’implore, écoute
    Ce vœu, — le dernier vœu que doit gémir mon cœur.

    Hâte pour moi ton vol suprême ;
    Des espoirs décevants moissonne en moi la fleur ;
    Étouffe dans mon sein une implacable ardeur :
    Fais...

  • Jadis les gens étaient moins bêtes,
    — Du temps que les bêtes parlaient, —
    Les cœurs étaient vaillants, les têtes
    Pour la liberté s’emballaient ;
    La foi des peuples était prompte
    Vers leurs dieux qui les consolaient.
    C’est du moins ce que l’on nous conte
    Du temps où les bêtes parlaient.

    Les...

  •  
    Inque situm furtim musa trahebat opus!

    Ovidius.

    I

    Au temps que j’étais pur et tout léger d’années.
    Quand, pensif écolier, je rêvais dans les bois,
    Toutes les nuits, alors, de roses couronnées,
    S’inclinaient sur ma couche, avec de douces voix.

    Alors les vents du ciel berçaient de leur haleine
    Mon sommeil étoile de blanches...

  • La plus douce des voix qui vibraient sous le ciel
    Se tait: les rossignols ailés pleurent le frère
    Qui s'envole au-dessus de l'âpre et sombre terre,
    Ne lui laissant plus voir que l'être essentiel,

    Esprit qui chante et rit, fleur d'une âme sans fiel.
    L'ombre élyséenne, où la nuit n'est que lumière,
    Revoit, tout revêtu de splendeur douce et fière,
    ...


  • ...

  • Ta délicieuse altesse
    Veut-elle accepter mon bras ?
    Nous irons où tu voudras ;
    Tout avec toi m’est liesse ;
    Tu verras comme aujourd’hui
    Le ciel est épanoui
    Et plein de délicatesse.

    Tout semble bon à manger ;
    Dans l’air amoureux et moite
    Quelques nuages d’ouate
    Floconnent, troupeau...