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    Oh soirs ! derrière le Rhin sombre,
       Sur la Hesse Nassau...
    L’accordéon des chars d’assaut
       Joue la « Valse des Ombres ».

    Et que de pianolas, lointains,
       Berçant le crépuscule :
    « Garibaldi », valses crapules,
       « Marche des Palotins »,

    « Nous avons tous une payse »...
       — Voire ! dit le sergent,
    J’en ai bien deux,...

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    Quand d’une perte irréparable
    On garde au cœur le souvenir,
    On est parfois si misérable
    Qu’on délibère d’en finir.

    La vie extérieure oppresse :
    Son mobile et bruyant souci
    Fatigue… et dans cette détresse
    On murmure : « Que fais-je ici ?

    « Libre de fuir tout ce tumulte
    Où ma douleur n’a point de part,
    Où le train du monde l’...

  • Toi qui jusques au ciel montes, colosse droit,
    Et qui poses tes pieds dans le roc dur et froid,
    Ô symbole ! géant ! bel arbre aux feuilles lisses !
    Laurier, ma lâche envie et mes saintes délices !
    Fantôme que Pindare ému reconnaîtrait !
    Compagnon de la Lyre idéale ! Portrait
    De tout ce que j'adore et de tout ce qui m'aime !
    Arbre mélodieux, grand comme...

  • Quand je vous livre mon poème,
    Mon cœur ne le reconnaît plus :
    Le meilleur demeure en moi-même,
    Mes vrais vers ne seront pas lus....

  • Figure-toi, lecteur, que ton mauvais génie
    T'a fait prendre ce soir un billet d'Opéra.
    Te voilà devenu parterre ou galerie,
    Et tu ne sais pas trop ce qu'on te chantera.

    Il se peut qu'on t'amuse, il se peut qu'on t'ennuie;
    Il se peut que l'on pleure, à moins que l'on ne rie;
    Et le terme moyen, c'est que l'on bâillera.
    Qu'importe? c'est la mode, et le...

  • La ville ressemblait à l’univers. C’était
    Cette heure où l’on dirait que toute âme se tait,
    Que tout astre s’éclipse et que le monde change.
    Rome avait étendu sa pourpre sur la fange.
    Où l’aigle avait plané, rampait le scorpion.
    Trimalcion foulait les os de Scipion.
    Rome buvait, gaie, ivre et la face rougie ;
    Et l’odeur du tombeau sortait de cette...

  • Si je gravais des vers sur ton socle de pierre,
    Certes, j’exalterais tes combats glorieux,
    O monstre colossal, qui, seul victorieux,
    Seul peux montrer les crocs et froncer la paupière.

    Je dirais qu’on t’a vu, jusqu’à l’heure dernière,
    Fauve géant, qui fus digne des fiers aïeux,
    Rejeter loin de toi, sanglant et furieux,
    L’assaut des cent chacals...

  • En de lourdes sonnantes bouées,
    Au long des plages de la mer,
    J’ai mis mon âme
    Sonnante, au long des plages de la mer.

    Les navires cavalcadeurs
    — Sabords de cuivre et tillacs d’or —
    Mon âme,
    Au long des eaux qui vont au Nord,
    Battant son glas les accompagne,
    Mais reste, avec des liens de fer,
    Avec une ancre et des...

  • Loisir, où donc es-tu ? le matin, je t’implore ;
    Le jour, ton charme absent me trouble et me dévore ;
        Le soir vient, tu n’es pas venu ;
    La nuit, j’espère enfin veiller à ta lumière ;
    Mais déjà le sommeil a fermé ma paupière,
        Avant que mes yeux t’aient connu.

    Loisir, es-tu couché sur quelque aimable rive,
    Au bord d’un antre frais,...

  • Dans le bassin aux bords tranquilles,

    Les mâts semblent un jeu de quilles
    Debout sur l’eau ;
    La lune est claire et clairs sont les nuages,
    Et les voiles et les cordages
    Laissent sur les cargaisons sombres
    Des longs bateaux

    Tomber leurs ombres.

    Une...