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    Si la Marchesina sort du palais furtive,
    Ce n’est pas pour rêver à la chute plaintive
    Des cascades rongeant leurs sonores gradins ;
    Si son pied va foulant la mousse des jardins,

    Si dans le bois douteux sans duègne elle s’expose,
    Ce n’est pas, croyez-moi, pour la brise ou la rose.
    Tremblante, son oreille écoute… Oh ! ce n’est pas
    La voix du...

  • L’AMOUR

    Aux fleurs rouges qui pavoisent l’espace
    Et s’exaltent, dans l’or des jours,
    Comme un vent fou le torturant amour
    S’enlace.

    Oh le charme de sa douleur
    Et les lances de sa douleur,
    Violentes, au fond du cœur !

    Oh ! son ardeur, malgré sa vastitude,
    Et son grand don de plénitude...

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    Oh ! l’amour ! dit-elle, ― et sa voix tremblait
    et son œil rayonnait, ― c’est être deux et n’être
    qu’un. Un homme et une femme qui se fondent en un
    ange, c’est le ciel.
    Victor Hugo, Notre-Dame de Paris, liv.II, chap.VII.

    L’ange aimé qu’ici-bas je révère et je prie
    Est une enfant voilée avec ses longs cheveux,
    À qui le...

  •  
    Je t’aime de mon œil unique, je te lorgne
    Ainsi qu’un Chinois l’opium :
    Je t’aime aussi de mon amour borgne,
    Fille aussi blanche qu’un arum.
    Je veux tes paupières de bistre,
    Et ta voix plus lente qu’un sistre ;
    Je t’aime de mon œil sinistre
    Où luit la colère du rhum.

    Je te suis du regard, lubrique comme un singe,
    Ivre comme un...

  • … C’est ici la chanson d’amour
    Qu’on chante au coin des cheminées,
    L’hiver, sur le déclin du jour,
    Dans les maisons abandonnées…

     
    Hyménée, ô joie, hymen, hyménée !
    La nuit de mon cœur s’est illuminée.

     
    Et ce fut d’abord, d’abord en mon cœur,
    Des hymnes confus qui chantaient en chœur.

    Ils chantaient la vie et l’amour de vivre,...

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    Hélas ! Qui le croirait ? Ce fantôme hideux,
    Ce monstre à l’œil éteint dans son orbite creux,
    Au crâne sans cheveux et souillé de poussière,
    Aux membres allongés et froids comme la pierre,
    A la teinte jaunâtre, à cette fade odeur
    Qui vous met malgré vous le trouble dans le cœur ;
    Tout ce je ne sais quoi qui n’est plus de la vie,
    Que ne peut...

  • L’amour de la Patrie est le premier amour
    Et le dernier amour après l’amour de Dieu,
    C’est un feu qui s’allume alors que luit le jour
    Où notre regard luit comme un céleste feu,

    C’est le jour baptismal aux paupières divines
    De l’enfant, la rumeur de l’aurore aux oreilles
    Frais-écloses, c’est l’air emplissant les poitrines
    En fleur, l’air printanier...

  • Tu as voulu que je raconte en ryme
    Comme Medee en sa jeunesse prime,
    D’Angennes, sent du nouveau Cupidon,
    Premierement la fleche et le brandon :
    Je te complais, encores...

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    C’EST au temps de la chrysanthème
    Qui fleurit au seuil des hivers
    Que l’amour cruel dont je t’aime
    En moi poussa des rameaux verts.

    Il naquit, doux et solitaire,
    A ces fleurs d’automne pareil
    Qui, pour parer encor la terre
    N’ont pas eu besoin de soleil.

    Sans redouter les jours moroses
    Qui font mourir les autres fleurs
    Il...

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    J’IGNORAIS tout de Toi, ne connaissant encore
    Que la douce fierté dont ton front se décore
    Et de tes yeux divins la sereine clarté.
    Mais aujourd’hui je sais jusqu’au bout le poème
    De ton corps enchanté. Voilà pourquoi je t’aime
    Avec tes sens nouveaux qu’éveilla ta Beauté !

    J’ignorais tout de Toi, ne connaissant encore
    Que le baiser furtif dont...