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    AGARITE, seule, assise près d’une table.
    Non, non, rien n’est juré, non, non, c’est impossible !
    Baisons, pleurs, tout est vain ; je me fais insensible ;
    Il s’agit de mon sort, de mon bel avenir :
    C’est ma vie, après tout, qu’on voudrait me ternir.
    On veut forcer mon„cœur, commander ô mon âme ;
    Mais je suis libre encore, et je puis… je suis...

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    Certes, le rêve est grand de celui qui s’isole
    Entre les murs massifs de son caveau d'airain,
    Et, forgeron cyclopéen de la parole,
    Bâtit dans sa pensée un monde souterrain,

    Et dont l’orgueil jaloux, superbement timide,
    Veut, loin du bruit sans nom des maux inexpiés,
    Ignorer si son œuvre, inutile et splendide,
    Rayonne sur la Terre ou se meurt à...

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    Le vent propice et doux, depuis Thessalonique,
    Hâta le cours heureux du voyage accompli,
    Et l’écume du port d’une blanche tunique
    Revêt la poupe ronde au gouvernail poli.

    Toi qui, longeant la côte aux anses incertaines,
    De l’Euripe perfide oublias les dangers,
    Vaisseau qu’un Dieu sans doute a guidé vers Athènes,
    Quel Juif débarque ici parmi...

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    Vous qui m’aiderez dans mon agonie,
              Ne me dites rien ;
    Faites que j’entende un peu d’harmonie,
              Et je mourrai bien.

    La musique apaise, enchante et délie
              Des choses d’en bas :
    Bercez ma douleur ; je vous en supplie,
              Ne lui parlez pas.

    Je suis las des mots, je suis las d’entendre
              Ce...


  • ...

  • Par le petit garçon qui meurt près de sa mère
    Tandis que des enfants s’amusent au parterre ;
    Et par l’oiseau blessé qui ne sait pas comment
    Son aile tout à coup s’ensanglante et descend
    Par la soif et la faim et le délire ardent :
    Je vous salue, Marie.

    Par les gosses battus par l’ivrogne qui rentre,
    Par l’âne qui reçoit des coups de pied au ventre...

  •  
    On voit sortir, l'été, par les superbes temps,
    Les poitrinaires longs, fluets et tremblotants ;
    Ils cherchent, l’œil vitreux et noyé de mystère,
    Dans une grande allée, un vieux banc solitaire
    Et que le soleil cuit dans son embrasement.
    Alors, ces malheureux s’assoient avidement,
    Et débiles, voûtés, blêmes comme des marbres
    Regardent vaguement...

  •  

    Ce doit être bon de mourir,
    D’expirer, oui, de rendre l’âme,
    De voir enfin les cieux s’ouvrir ;
    Oui, bon de rejeter sa flamme
    Hors d’un corps las qui va pourrir ;
    Oui, ce doit être bon, Madame,
    Ce doit être bon de mourir !

    Bon, comme de faire l’amour,
    L’amour avec vous, ma Mignonne,
    Oui, la nuit, au lever du jour,
    Avec ton...

  • I

    Ah ! c'est un rêve ! non ! nous n'y consentons point.
    Dresse-toi, la colère au coeur, l'épée au poing,
    France ! prends ton bâton, prends ta fourche, ramasse
    Les pierres du chemin, debout, levée en masse !
    France ! qu'est-ce que c'est que cette guerre-là ?
    Nous refusons Mandrin, Dieu nous doit Attila.
    Toujours, quand il...

  •  
    Ah ! le cours de mes ans ne peut que faire envie :
    Je ne maudirai pas le jour où je suis né.
    Si Dieu m’a fait souffrir, il m’a beaucoup donné,
    Je ne me plaindrai pas d’avoir connu la vie.

    De la félicité que j’avais poursuivie
    Le trop vaste horizon s’est aujourd’hui borné,
    J’attends, calme et rêveur, ce qui m’est destiné ;
    Qu’importe l’avenir...