• O cher Paris, toi vers qui l’univers
    Tourne ses yeux et son âme ravie,
    Toi qui chéris la peinture et les vers,
    J’ai pour le mieux contenté mon envie
    De te montrer des Scènes de la Vie.
    Oh ! que ne puis-je, écolier de Marot,
    Te les conter aussi bien que Perrault !
    Car c’est pour toi que notre esprit s’...

  • Pendant ce triſte Octobre pluvieux,
    Que le ciel mouille & que le vent balaie,
    Mon livre, jeune en même temps que vieux,
    Où notre ſiècle a vu ſaigner ſa plaie,
    Comme il convient, fut imprimé chez Claye.
    Il ne contient ni fiel, ni lâchetés.
    Duſſent rugir les tigres tachetés,
    Et les ſerpents mordre...

  •  
    L’açoka grandit dans la forêt sombre.
    Caressez l’açoka, fraîches brises du soir.
    Les fleurs de l’açoka naîtront, quand sous son ombre
    La vierge viendra rêver et s’asseoir.

    Mais en vain la brise et le soleil rose
    Voudraient sous leurs baisers les faire épanouir :
    Si jamais nulle vierge, hélas ! ne s’y repose,
    L’açoka se penche et meurt sans...

  •  
    Sur cette œuvre, au matin, devant vous, commencée,
    La prière, ô mon Dieu, prosterna ma pensée ;
    Je m’agenouille encore, à l’approche du soir,
    Sur ce livre imparfait qui trompa mon espoir.
    Je viens ; et, vous offrant les douleurs de l’artiste,
    Du fruit de mon labeur, à vos pieds je m’attriste ;
    Mais, si chétif qu’il soit, je veux vous en bénir ;...

  • Viens dans le parc nocturne où dorment les fontaines,
    Mon amour ! Ne crains pas ce qu’on voit dans la nuit,
    Et ne frissonne plus parce qu’un vent fortuit
    A troublé la forêt sous ses voûtes lointaines.

    Laisse-moi te mener. Dans les miennes tes mains
    Sont un fardeau plus doux que des fleurs ou des ailes.
    Ecoute, les taillis sont pleins de souffles frêles....

  •  
    ÈVE

    Voilà mon bien aimé qui s’en revient des champs.
    Comme il doit être las ! Je n’entends plus les chants
    Que tout le jour il fit retentir dans la plaine
    Pour donner plus de cœur à ses bœufs hors d’haleine.
    Le père de mes fils approche lentement ;
    Il pousse devant lui l’attelage fumant
    Qu’il aiguillonne avec la pointe d’un arbuste.
    Que...

  • La jeunesse n'est pas une période de la vie, elle est un état d'esprit, un effet de la volonté, une qualité de l'imagination, une intensité émotive, une victoire du courage sur la timidité, du goût de l'aventure sur l'amour du confort. On ne devient pas vieux pour avoir vécu un certain nombre d'années ; on devient vieux parce qu'on a déserté son idéal. Les années rident la peau, renoncer à son...

  •  
    Ah ! Quel que soit le deuil jeté sur cette terre
    Qui par deux fois du monde a changé le destin,
    Quels que soient ses malheurs et sa longue misère,
    On ne peut la quitter sans peine et sans chagrin.

    Ainsi, près de sortir du céleste jardin,
    Je me retourne encor sur les cimes hautaines,
    Pour contempler de là son horizon divin
    Et longtemps m’...

  • Non, tu n’entendras pas, de sa lèvre trop fière,
    Dans l’adieu déchirant un reproche, un regret.
    Nul trouble, nul remords pour ton âme légère
    En cet adieu muet.

    Tu croiras qu’elle aussi, d’un vain bruit enivrée,
    Et des larmes d’hier oublieuse demain,
    Elle a d’un ris...

  •  
    Je veux pour toi dire mon chant suprême ;
    Car pour une âme inhabile à s’ouvrir,
    Il est si doux de redire qu’elle aime,
    Quand ceux qu’elle aime ont dit : « Il faut partir. »
    Oui, j’ai goûté rêve, avenir, tendresse ;
    Sur moi des cieux il tomba quelques fleurs ;
    Et cependant il manque à ma richesse :
    Toi qui t’en vas, laisse-moi de tes pleurs....