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    Ô rare fleur, ô fleur de luxe et de décor,
    Sur ta tige toujours dressée et triomphante,
    Le Velasquez eût mis à la main d’une infante
    Ton calice lamé d’argent, de pourpre et d’or.

    Mais, détestant l’amour que ta splendeur enfante,
    Maîtresse esclave, ainsi que la veuve d’Hector,
    Sous la loupe d’un vieux, inutile trésor,
    Tu t’alanguis dans une...

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    De nos pensers muets odorant interprète,
    Fleur de ma bien-aimée, ô douce violette,
    Fleur chère à nos amours et non moins qu’eux discrète,
    Va trouver ma Rêveuse au front pâle et charmant,
    Va parfumer son sein de ton souffle embaumant,
    Va mourir sur son cœur, ô fleur que je respire !
    Dans tes chastes senteurs qu’un peu de moi transpire :
    Dis-lui...

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        ..... C’était dans la ville adorée
    Sarcophage pour moi des premiers souvenirs,
    Où tout enfant j’avais, en mon âme enivrée
    Rêvé ces bonheurs fous qui restent des désirs !
    C’était là... qu’une après-midi, dans une rue,
    Dont un soleil d’août, de sa lumière drue,
    Frappait le blanc pavé désert, ― qu’elle passa,
    Et qu’en moi, sur ses pas, tout...

  • Tout s’élargit. Le soir qui tombe est magnifique
    Et vaste… Comme un Doge amoureux de la mer,
    Parmi l’effeuillement des roses, la musique
    Des luths, l’or qui flamboie ainsi qu’un rouge éclair,
    J’irai, les yeux voilés de volupté mystique,
    Et...

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    Ô Vénus de Milo, guerrière au flanc nerveux,
    Dont le front irrité sous vos divins cheveux
    Songe, et dont une flamme embrase la paupière,
    Calme éblouissement, grand poème de pierre,
    Débordement de vie avec art compensé,
    Vous qui depuis mille ans avez toujours pensé,
    J’adore votre bouche où le courroux flamboie
    Et vos seins frémissants d’une...

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           O Versaille, ô bois, ô portiques,
           Marbres vivants, berceaux antiques,
    Par les dieux et les rois Élysée embelli,
           A ton aspect, dans ma pensée,
    Comme sur l’herbe aride une fraîche rosée,
           Coule un peu de calme et d’oubli.

           Paris me semble un autre empire,
           Dès que chez toi je vois sourire
    Mes pénates...

  •                          XIV

    Il songe. Il s'est assis rêveur sous un érable.
    Entend-il murmurer la forêt vénérable ?
    Regarde-t-il les fleurs ? regarde-t-il les cieux ?
    Il songe. La nature au front mystérieux
    Fait tout ce qu'elle peut pour apaiser les hommes ;
    Du coteau plein de vigne au verger plein de pommes
    Les mouches viennent,...

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    Sur ton front brun comme la nuit,
    Maître, aucun fil d’argent ne luit,
    Et nul Décembre sacrilège,
             Ne met sa neige.

    Pourtant, dans ton labeur sacré,
    Tu te vois déjà vénéré,
    Ô génie immense et tranquille,
             Comme un Eschyle.

    À ta lèvre où passe un rayon
    De la charmante Illusion,
    La Gloire, innocente comme elle...

  • Comptons-nous ! il n’est plus permis d’être en arrière !
    Comptons-nous ! ce temps sombre a besoin de lumière !
    Ceux qui sont nés les chefs, les maîtres, les premiers,
    Doivent secours au faible, aide et force aux derniers.
    Nous vaincrons ! la justice est immortelle et sûre,
    Et la cause est gagnée à présent qu’elle est pure.
    En avant ! au danger ! que tous,...

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    Sur un trône plus haut encor, viens te placer ;
    Tu l’avais dit : Ton sceptre, ô Victor, c’est ta lyre.
    Ces insensés pourtant, quel était leur délire !
    Avaient cru que son poids te dût sitôt lasser !

    Quoi ! sur ton char de gloire en te voyant passer,
    Par cet appas vulgaire ils pensaient te séduire,
    Et que, dans ton chemin, cet or qu’ils faisaient...