• Février grelottait blanc de givre et de neige ;
    La pluie, à flots soudains, fouettait l’angle des toits ;
    Et déjà tu disais : « Ô mon Dieu ! quand pourrai-je
    Aller cueillir enfin la violette au bois ? »

    Notre ciel est pleureur, et le printemps de France,
    Frileux comme l’hiver, s’assied près des tisons ;
    Paris est dans la boue au beau mois où Florence...

  • LORSQUE, parmi les pleurs et les cris d’ici-bas,
    Pleine de beaux espoirs et de joyeux ébats,
    Jeune fille, tu viens sourire,
    Au lieu qu’au fond de moi ta candide beauté
    Apporte la fraîcheur et la sérénité,
    Je sens mon cœur qui se déchire.

    Car, plus tu me parais près des anges du ciel,
    Plus ton souffle est un baume et ta lèvre est un miel,
    Plus...

  • Comme un voleur de nuit, chez vous la mort avide
    S’est glissée ; et voilà qu’il dort sous le gazon
    Le beau petit enfant, lui qui, dans la maison,
    Tenait si peu de place… et laisse un si grand vide !

    Quand le fil de nos jours lentement se dévide
    Sur le fuseau fatal, et que notre toison
    Tombe mûre et jaunie à l’arrière-saison,
    Insensé qui se plaint du...

  •  

    Allons, insoucieuse, ô ma folle compagne,
    Voici que l’hiver sombre attriste la campagne,
    Rentrons fouler tous deux les splendides coussins ;
    C’est le moment de voir le feu briller dans l’âtre ;
    La bise vient ; j’ai peur de son baiser bleuâtre
             Pour la peau blanche de tes seins.

    Allons chercher tous deux la caresse frileuse.
    Notre lit...

  •  
    J’aime tes longs cheveux et tes pâles menottes,
    Tes petits pieds d’enfant, aux ongles retroussés,
    Tes yeux toujours pensifs et jamais courroucés,
    Ta bouche de velours et tes fines quenottes.

    Puis, j’adore ton cœur où, comme des linottes,
    Gazouillent à loisir tes rêves cadencés ;
    Ton cœur, aux sentiments touffus et nuancés,
    Et ton esprit qui...

  •  
        L’espoir de vivre ailleurs des jours clairs m’abandonne
        Et je célèbre ici la fête de l’automne.

        Au-dessus de ma porte, avec un regret doux
        Et chantant, je suspends les guirlandes d’or roux

        Qu’une femme au regard que nulle mort n’étonne
        Vint tresser, en pleurant sur la mort de l’automne…

        Ma maîtresse d’hier, nous ne...

  •  
    Enfant au hasard vêtu,
         D'où viens-tu
    Avec ta chanson bizarre ?
    D'où viennent à l'unisson
          Ta chanson,
    Ta chanson et ta guitare ?

    Tu livres au doigt vermeil
         Du soleil,
    Qui les dore et les caresse,
    Tes longs cheveux emmêlés,
         Crespelés
    Comme ceux d'une Déesse.

    D'où vient ce front soucieux,...

  •  

    Pourquoi pleurer, ma petite,
    Lorsque le jour est fini ?
    Fais silence ! et dors bien vite,
    Comme un oiseau dans sou nid !

    Au bruit des vents de décembre,
    Songe, songe, entre tes draps,
    Comme il fait bon dans ta chambre,
    Et comme on a froid là-bas !

    Loin des flots et du rivage,
    Dans mon pays, quelquefois,
    Un enfant qui n’est...

  •  

    D’UNE somme hier dissipée
    Il me reste une pièce encor.
    Elle est brillante et bien frappée :
    C’est un vieux napoléon d’or.

    Pris d’une tristesse soudaine,
    Je vois luire, au creux de ma main,
    Le front lauré du capitaine
    Et son fier visage romain.

    Je deviens pensif et je songe,
    Ô fragment des pesants lingots,
    Que...

  • Que tu me plais dans cette robe
    Qui te déshabille si bien,
    Faisant jaillir ta gorge en globe,
    Montrant tout nu ton bras païen !

    Frêle comme une aile d’abeille,
    Frais comme un cœur de rose-thé,
    Son tissu, caresse vermeille,
    Voltige autour de ta beauté.

    De l’épiderme sur la soie
    Glissent des frissons argentés,
    Et l’étoffe à la chair...