• Ta merveilleuse plume est un riche pinceau
    Habile à tout parer d'éclat et d'harmonie,
    Et chacun de ses traits fait éclore un tableau
    Où respire la grâce, où brille le génie.
    Pygmalion nouveau, sous ta main, la Beauté,
    Haletante d'amour, sort du bloc qui l'assiège,
    Idole au corps divin dans le marbre sculpté....

  •  
    Maître, qui du grand art levant le pur flambeau,
    Pour consoler la chair besoigneuse et fragile,
    Redis la gloire antique à cette exquise argile,
    Ton corps va donc subir l’outrage du tombeau !

    Ton âme a donc rejoint le somnolent troupeau
    Des ombres sans désirs, où l’attendait Virgile,
    Toi qui, né pour le jour d’où le trépas t’exile,
    Faisais des...

  •  
    QUAND, penché sur le bord de la vie éternelle,
    Gouffre que le néant emplit silencieux,
    Tristement vers l’azur indifférent des cieux,
    Pour la dernière fois se tendra ma prunelle,

    Comptant le peu de bien que la vie eut en elle
    Et les obscurs déclins de mes jours radieux,
    Je n’accuserai pas l’inclémence des cieux
    Et ne maudirai pas cette heure...

  • III

    Rois teutons, vous avez mal copié vos pères.
    Ils se précipitaient hors de leurs grands repaires,
    Le glaive au poing, tâchant d'avoir ceci pour eux
    D'être les plus vaillants et non les plus nombreux.
    Vous, vous faites la guerre autrement.

    On se glisse
    Sans bruit, dans l'ombre, avec le hasard pour complice,
    Jusque...

  • XV

    Cantique de la Vierge dans « Sœur Béatrice »

    À toute âme qui pleure,
    À tout péché qui passe,
    J’ouvre au sein des étoiles
    Mes mains pleines de grâces.

    Il n’est péché qui vive
    Quand l’amour a parlé;
    Il n’est âme qui meure
    Quand l’amour a pleuré…

    Et si l’amour s’égare
    Aux sentiers d’ici-bas,...

  •  
    Hors de Paris, mon cœur s’élance,
    Assez d’enfer et de démons :
    Je veux rêver dans le silence
    Et dans le mystère des monts.

    Barde assoiffé de solitude
    Et bohémien des guérets,
    J’aurai mon cabinet d’étude
    Dans les clairières des forêts.

     

    Et là, mes vers auront des notes
    Aussi douces que le soupir
    Des rossignols et des...

  • Tes prunes, fruits d’amphithéâtre,
    Semblent les fœtus des bocaux
    Pendus dans l’alcool verdâtre
    Par leurs cordons ombilicaux.

  •  
    I.

    Mes vers les plus aimés à toi je les adresse,
    A toi, dont l'amitié captiva ma tendresse ;
    De l'absence parfois pour charmer les douleurs
    Tes yeux les reliront en se voilant de pleurs ;
    Car ces vers, où pour moi le passé se reflète,
    S'ils ne sont pas l'accent d'une lyre poète,
    Charles, sur leurs défauts t'aveuglant à demi,
    Tu n'...

  • Mon rêve, par l’amour redevenu chrétien,
    T’évoque à ses côtés, ô doux ange gardien,
    Divin et pur esprit, compagnon invisible
    Qui veilles sur cette âme innocente & paisible !
    N’est-ce pas, beau soldat des phalanges de Dieu,
    Qui, pour la protéger, fais toujours, en tout lieu,
    Sur l’adorable enfant planer ton ombre ailée,
    Que ta chaste personne est...

  • Fée ou démon, magicienne ou sorcier,
    Je te maudis de grand cœur et pour cause :
    Depuis hier je suis ton créancier.
    Quand j’implorais un sourire de Rose,
    La pauvre enfant sanglotait sur ta prose ;
    Elle y perdit un bon quart d’heure, et moi,
    Mille baisers, baisers de bon aloi,
    Baisers sonnants… Adonc, Muse immortelle,
    En t’acquittant, fais acte de...