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    I

    Pradier, ta tombe est close, et la foule écoulée
    A quitté le gazon des morts silencieux ;
    La muse maintenant de sa douleur voilée,
    Va commencer pour toi l’hymne religieux !

    D’autres ont mis leur nom sur la strophe légère,
    D’autres ont la couleur, ou la note au son pur,
    Mais ta pensée, ô maître, est de bronze ou de pierre,
    Et, comme...

  • À présent voici comme une prière,
    et c’est la vie d’ici qui dit son temps
    selon le soleil, le jour et la mer,
    et les villes où l’aller des passants

    montre chacun œuvrant à sa manière :
    seigneur à cheval, à pied paysan,
    et pour les fins de l’âme ou de la chair
    moines, matelots, pêcheurs, tisserands....

  • II

    L'empereur fait la guerre au roi.

    Nous nous disions :
    - Les guerres sont le seuil des révolutions. -
    Nous pensions : - C'est la guerre. Oui, mais la guerre grande.
    L'enfer veut un laurier ; la mort veut une offrande ;
    Ces deux rois ont juré d'éteindre le soleil ;
    Le sang du globe va couler, vaste et vermeil,
    Et...

  • DERNIERS VERS DE NOURRIT

    Le cygne, lorsqu’il sent venir l’heure suprême,
                    En chants mélodieux
    À la blonde lumiêre, au beau fleuve qu’il aime,
                    Soupire ses adieux !

    Ainsi cette pauvre âme, à la rive lointaine,...

  • Ce poète terrible et divinement doux,
    Plus large que Corneille et plus haut que Shakespeare,
    Grand comme Eschyle avec ce souffle qui l’inspire,
    Ce Calderon mystique et mythique est à nous.

    Oui, cette gloire est nôtre et nous voici jaloux
    De le dire bien haut à ce siècle en délire :
    Calderon, catholique avant tout, noble lyre
    Et saints accents, et bon...

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    Muses ! vous savez tout, vous Déesses ; et nous,
    Mortels, ne savons rien qui ne vienne de vous.
    ANDRÉ CHÉNIER.

     

    Messager discret et fidèle,
    Dit un jour Amour au Zéphir,
    Je veux étonner l’avenir
    Du prix que j’accorde à ton zèle !
    A mes yeux tu l’as mérité,
    Quand j’ai vu mes aveux timides
    Et les soupirs de la...

  • Si je pouvais, pour toi, faire quelques miracles,
    Obscurcir le soleil, et arrêter le cours
    Des années s’envolant sans que de vains obstacles
    N’aient dompté un instant la fuite des beaux jours.

    Si je pouvais aussi d’un Éden idyllique,
    Retrouver le secret avec l’enchantement,
    Dis, accepterais-tu, par un seul mot magique,
    Un discret sort de charme et de...

  • A qui est plus un Amant obligé
    Ou a Amour, ou vrayement a sa Dame  ?
    Car son service est par eulx redigé
    Au ranc de ceulx, qui ayment los, & fame.

    À luy il doibt le cueur, a elle l’Ame,
    Qui est autant, comme a tous deux la vie  :
    L’un a l’honneur, l’autre a bien le conuie  :
    Et toutesfois voicy un tresgrand poinct,
    Lequel me rend ma pensee...

  • VIII

    Tu viens d'incendier la Bibliothèque ? - Oui.
    J'ai mis le feu là. - Mais c'est un crime inouï !
    Crime commis par toi contre toi-même, infâme !
    Mais tu viens de tuer le rayon de ton âme !
    C'est ton propre flambeau que tu viens de souffler !
    Ce que ta rage impie et folle ose brûler,
    C'est ton bien, ton trésor, ta dot, ton...

  • IX

    Sachez-le, puisqu'il faut, Teutons, qu'on vous l'apprenne,
    Non, vous ne prendrez pas l'Alsace et la Lorraine,
    Et c'est nous qui prendrons l'Allemagne. Ecoutez :
    Franchir notre frontière, entrer dans nos cités,
    Voir chez nous les esprits marcher, lire nos livres,
    Respirer l'air profond dont nos penseurs sont ivres,
    C'est...