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    Faites-vous de ces vers un intime entretien,
    Pardonnez-moi tous ceux où, pour la renommée,
    J’ai pu chanter l’amour sans vous avoir nommée,
    Où j’ai mis plus du cœur des autres que du mien.

    Mais à d’autres que vous ceux-ci ne diraient rien :
    La tendresse n’est là que pour vous exprimée ;
    A peine y verrait-on qu’une femme est aimée,
    Car je ne le...

  • Ah ! ces vers, fruits d'un doux prestige,
    Dont la flamme a su m'embraser,
    Ces vers, tendre essaim qui voltige,
    Belle ! sur ton sein que ne puis-je
    Les écrire avec un baiser !

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    Sur ce livre où, versant les trésors de son âme,
    Un poète a tracé de trop vrais désespoirs,
           Laissez parfois tomber, Madame,
    Un rayon attendri de vos yeux beaux et noirs.

    Sympathique à des chants que vous saurez entendre,
    Relisez-les, ces vers de tristesse embaumés ;
           Marquez la page la plus tendre
    D’une feuille, débris des fleurs...

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    JADIS, lorsque, dans un voyage,
    Le Roi de Perse rencontrait
    Un cèdre énorme au noir feuillage,
    Aïeul de toute une forêt,
    Par son orfèvre il faisait mettre
    Un cercle d’or autour du tronc,
    Pour que le verdoyant ancêtre
    Fût épargné du bûcheron.
    Dans le cours de la vie humaine,
    Moi, j’ai rencontré sous mes pas
    Un...

  • « Depuis tantôt près de trois ans,
    Je vous le jure par sainte Anne,
    Je fus envoûté à Guingamp
    (Si ce n’est vrai que Dieu me damne…)

    J’ai prié notre Bonne Vierge,
    Espérant être sauveté.
    J’ai fait brûler des tas de cierges,
    Dans l’église de la Clarté,

    Et j’ai jeûné ! j’ai fait carême
    Plus longtemps qu’il n’aurait fallu,
    Espérant qu’...

  •           Ô brises flottantes des cieux,
              Du beau Printemps douces haleines,
              Qui de baisers capricieux
              Caressez les monts et les plaines !

    Vierges, filles d’Éole, amantes de la paix,
    La Nature éternelle à vos chansons s’éveille ;
    Et la Dryade assise...

  • Ô brises flottantes des cieux,
    Du beau printemps douces haleines,
    Qui de baisers capricieux
    Caressez les monts et les plaines !

    Vierges, filles d’Éole, amantes de la paix,
    La nature éternelle à vos chansons s’éveille ;
    Et la dryade assise aux feuillages épais,
    Verse aux mousses les pleurs de l’aurore vermeille.

              Effleurant le cristal...

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    Devant la mer, assis au seuil de leur maison,
    La veuve du marin et son jeune garçon
    Sont en grand deuil. Hélas ! l’équinoxe d’automne
    A fait d’affreux malheurs sur la côte bretonne ;
    Et c’est pourquoi, rêveurs devant le ciel du soir,
    Cette femme et son fils sont habillés de noir.
    Ah ! dans ce lac paisible où, sous la brise fraîche,
    Viennent de...

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    Très fidèle à son roi, plus fidèle à l'honneur,
    Don Alonzo Perez de Guzman, gouverneur
    De Tarifa célèbre entre les villes fortes,
    Fait sa ronde, exhortant les officiers des portes,
    Surveillant les cuviers de bitume et de poix,
    Parlant bas aux veilleurs et saluant les croix
    Qu'on a peintes de sang païen sur les murailles.
    Vieux, mais dur, le...

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    Qu’est-ce tranchant de fer souple, affilé, pointu ?
    Ce ne sont pas les flancs de la terre qu’il fouille,
    Ni les pierres qu’il fend, ni les bois qu’il dépouille.
    Quel art a-t-il servi, quel fléau combattu ?

    Est-ce un outil ? Non pas ! car l’homme de vertu
    L’abhorre : ce n’est pas la sueur qui le mouille,
    Et ce qu’on aime en lui, c’est la plus longue...