•  
    Oh ! certes, je sais bien, moi souffrant et rêvant,
    Que tout cet inconnu qui m'entoure est vivant,
    Que le néant n'est pas, et que l'Ombre est une Âme ;
    La cendre ne parvient qu'à me prouver la flamme ;
    Faire voir clairement le ciel, l'éternel port,
    La vie enfin, c'est là le succès de la mort ;
    Oh ! certes, je voudrais qu'au ténébreux passage
    ...

  •  
        Entre dans mon royaume, envahis mon empire.
        La grande salle a des colonnes de porphyre…
        Nous y célébrerons les lumineux festins
        Et nous réjouirons avec les morts hautains
        Et les mortes charmantes.

        Les princesses et les reines et les amantes,
        Paradant et riant comme en leurs plus beaux jours,
        Revêtiront pour nous...

  • XI

    Dès votre premier cri, Jeanne, vous excitiez
    Nos admirations autant que nos pitiés ;
    Vous naissiez ; vous aviez cette toute-puissance,
    La grâce ; vous étiez la crèche qu'on encense,
    L'humble marmot divin qui n'a point encor d'yeux,
    Et qu'une étoile vient chercher du haut des cieux ;
    Puis vous eûtes six jours, vous eûtes...

  •  
    La trombe éclate, il grêle sur mon champ ;
    Adieu mes blés, mes roses que je pleure !
    La foudre encor va tomber tout à l’heure ;
    Un tourbillon s’amoncelle au couchant.

    Dans tout le ciel se heurtent les nuages ;
    Celui-là passe, un plus sombre le suit...
    Voilà pourtant qu’un peu d’azur nous luit,
    Un rayon d’or glisse entre deux orages.

    ...

  •  
    J’ai fait en arrivant dans l’île connaissance
    Avec un frais vallon plein d’ombre et d’innocence,
    Qui, comme moi, se plaît au bord des flots profonds.
    Au même rayon d’or tous deux nous nous chauffons ;
    J’ai tout de suite avec cette humble solitude
    Pris une familière et charmante habitude.
    Là deux arbres, un frêne, un orme à l’air vivant,
    Se...

  • L’ENTRÉE
    DE PHILIPPE LE BEL À BRUGES

    Cavalcadantes,

    Au rythme clair d’un carillon de pas,
    Dans le tumulte et le fracas
    Des violents buccins et...

  • Tous ces bonshommes-là, c’est autant d’escarcelles.
    À remplir, travailleurs ! Dans leur instinct de sacs,
    Ils ont horreur du vide, et nous payons leurs fracs,
    Leurs gants, leurs bain-de-mer, leurs catins et leurs selles.

    Dans la corruption plongés jusqu’aux aisselles,
    Sont-ils préfets à poigne, ils servent les micmacs
    De nos gouvernements de trucs et de...

  •  
    Rampe ! tu ne dois pas obscurcir la lumière !
    Rampe ! puisque c’est ta nature première !
    Rampe ! et maudis toujours toute chose à bénir !
    Rampe ! et darde au génie un œil sanglant et sombre !
    Tu ne pourras jamais éclipser de ton ombre
    Son astre radieux montant vers l’avenir.

  •  
    Paix à ces malheureux Esprits
    En qui la Haine s’accoutume
    Et dont le destin se résume
    À mâcher des venins aigris.

    La justice étouffe leurs cris
    Et les rabat dans leur écume :
    Paix à ces malheureux esprits
    En qui la Haine s’accoutume.

    Pauvres nains tors et rabougris
    Que leur impuissance consume !
    Plaignons-les donc sans...

  •  
    Les voilà ces chants funéraires,
    Faible tribut de ma douleur :
    Lisez ; le trépas de nos frères
    Pour vous, du moins, fut un malheur.

    Aux beaux jours de notre vaillance
    Leurs noms immortels sont liés ;
    Ils revivront chers à la France,
    Et mes vers seront oubliés.

    La jeunesse ira d’âge en âge,
    Parcourant des champs meurtriers,
    ...