Entretenus à nos frais

Tous ces bonshommes-là, c’est autant d’escarcelles.
À remplir, travailleurs ! Dans leur instinct de sacs,
Ils ont horreur du vide, et nous payons leurs fracs,
Leurs gants, leurs bain-de-mer, leurs catins et leurs selles.

Dans la corruption plongés jusqu’aux aisselles,
Sont-ils préfets à poigne, ils servent les micmacs
De nos gouvernements de trucs et de ficelles :
La classe dirigeante a produit ces réacs.

Ô paons de basse-cour, nullités cravatées,
Faiseurs, beaux fils, mangeurs de soupes apprêtées,
Certes, vous coûtez gros et ne valez pas cher !

Ô misère ! Et tu prends, toi, peuple qui travailles,
Le pain des tiens, leur sang, leur cerveau, leurs entrailles,
La moelle de leurs os, pour tous ces happe-chair !

Paris, 1884.

Collection: 
1908

More from Poet

  • À CAMÉLINAT, membre de la Commune.

    Voyez ce bâtiment doré,
    Des badauds si fort admiré,
    Mais de solidité factice.
    Cave tassant, gros mur fendu,
    L’étayer serait temps perdu.
        Cette propriété
        Croule de vétusté,
    Il est temps qu...

  • Grande lessive et la terre en sort vierge,
    Et la science y pose ses fanaux ;
    Plus de soldats, partant plus d’arsenaux ;
    Plus de César ; tout consent, tout converge ;

    Plus de pédants, on a brûlé la verge ;
    D’Église, point ; papes et cardinaux
    Se sont éteints...

  • À Émile ZOLA.

      La fabrique est sale et morose,
      L’air infect et la vitre en deuil ;
      J’y fais toujours la même chose,
      J’y tourne comme l’écureuil.
      Aussi j’ai du plomb dans la veine,
      Je me rouille dans mon étui.
      La ribotte a bu...

  • De sa rosace immense encombrant le ciel bleu,
    Il est un monstre amorphe, intangible et farouche ;
    Ce cauchemar du vide affole ce qu’il touche
    Et répand un venin qui met la terre en feu.
     
    Ce parasite ignore et le temps et le lieu,
    Rend l’univers bancal et la...

  • Messieurs les conservateurs,
    Vous le grand parti de l’Ordre,
    Procédons, plus de lenteur !
    ...