Entre dans mon royaume, envahis mon empire.
La grande salle a des colonnes de porphyre…
Nous y célébrerons les lumineux festins
Et nous réjouirons avec les morts hautains
Et les mortes charmantes.
Les princesses et les reines et les amantes,
Paradant et riant comme en leurs plus beaux jours,
Revêtiront pour nous leurs glorieux atours.
Regarde, les voici, très grandes, très sereines,
Celles qui furent Reines.
Le long cortège des sibylles et des rois
Se déroule, portant la pourpre d’autrefois.
N’as-tu point reconnu, fantômes sous la lune,
Rosemonde très blonde, Anne Boleyn très brune
Et Bess aux cheveux roux ?
Vois, devant ton regard orgueilleusement doux,
Passer, chantant, pleurant ou riant, toutes celles
Qui régnèrent, que l’on aima, qui furent belles.
Les fontaines ont des flammes parmi leurs jets
Pour charmer tes sujets.
Un grand prêtre ceindra ton front de la couronne.
Devant cette assemblée illustre, entends : j’ordonne
Qu’ici tout, désormais, te demeure soumis,
Que tes vœux soient mes vœux, mes amis tes amis,
O volonté royale !
Franchis le seuil de cette ancienne cathédrale
Que j’ai bâtie avec mes songes dans le soir.
On a paré la nef pour mieux te recevoir.
Entre nous, sous le plafond semblable au creux d’un dôme,
Reine dans mon royaume.