Les voilà ces chants funéraires,
Faible tribut de ma douleur :
Lisez ; le trépas de nos frères
Pour vous, du moins, fut un malheur.
Aux beaux jours de notre vaillance
Leurs noms immortels sont liés ;
Ils revivront chers à la France,
Et mes vers seront oubliés.
La jeunesse ira d’âge en âge,
Parcourant des champs meurtriers,
Visiter en pèlerinage
Les mânes de nos vieux guerriers.
Alors paraîtront à sa vue
Leurs glaives par le temps rongés,
Leurs os brisés par la charrue...
Alors nous les aurons vengés.
On verra la France, animée
D’un souvenir triste et pieux,
Combattre et vaincre aux mêmes lieux,
Pour ensevelir son armée.
Leur cendre vole au gré du vent,
Dans ces champs témoins de leur gloire ;
Mais notre courage et l’histoire
Se chargent de leur monument.