•  
    Je ne vous parlerai que lorsqu’en l’eau profonde
    Votre visage pur se sera reflété
    Et lorsque la fraîcheur fugitive de l’onde
    Vous aura dit le peu que dure la beauté.

    Il faudra que vos mains pour en être odorantes,
    Aient cueilli le bouquet des heures et, tout bas,
    Qu’en ayant respiré les âmes différentes
    Vous soupiriez encore et ne souriiez pas...

  •  
    Sur le flot tiède et noir à l’écume de neige,
    Qui roule et se confond avec l’ombre des cieux,
    Près du lierre des murs que le roulis assiège,
    Un poète rêvait ; des pleurs mouillaient ses yeux.

    Dernier regard plaintif de la lune voilée,
    Un reflet velouté ; doux comme un souvenir,
    Se joue avec caprice au creux de la vallée,
    Sur les rides d’un lac...

  •  
    Paisible, elle habitait loin des routes foulées,
           Non loin de la source aux ramiers ;
    Comme une eau sous les bois, ses heures écoulées
           N’ont connu qu’un toit de palmiers.

    Un bengali chanteur avait bâti prés d’elle
           Son nid dans le citronnier vert.
    A chaque aube il venait, l’oiseau doux et fidèle,
           Chanter pour l’enfant...

  •  
    Si vous laissez encor les beaux genêts fleuris
    Et les champs de blé noir pour aller à Paris,
    Quand vous aurez tout vu dans cette grande ville,
    Combien elle est superbe et combien elle est vile,
    Regrettant le pays, informez-vous alors
    Où du pauvre Le Brâz on a jeté le corps.
    (Son nom serait Ar-Brâz...

  • Que dois-je maintenant espérer du revoir,
    De la fleur close encore de ce jour ?
    Le paradis et l'enfer te sont ouverts ;
    Que d'émotions changeantes dans ton âme ! —
    Plus de doute ! Elle s'avance aux portes du ciel,
    Et t'attire dans ses bras.

    Ainsi tu fus reçu au paradis
    Comme si tu t'étais rendu digne de la vie éternellement belle ;
    Nul vœu ne te...

  •  
    Flet noctem, ramoque sedens miserabile carmen
    Integrat.
    VIRG.

    Si quand l'aube amène le jour,
    Ou que le soir est de retour,
    Je m’égare dans la vallée ;
    Je cherche, hélas ! mais sans la voir
    La bergère belle et voilée
    Qui jadis sous l’ombre isolée,
    En m’appelant venait s...

  •  

    Des ombres de la vie, hélas ! mon front se voile ;
    Le jour s’est éclipsé, l’horizon est obscur ;
    Mais dans mon ciel éteint, ô ma fidèle étoile,
    Je vois briller toujours ton rayon fixe et pur.
    A mes délaissements quand chacun m’abandonne,
    Clémente à mes malheurs, ton cœur me les pardonne ;
    Sans m’accuser jamais, tu gémis avec moi.
    De mes...

  • Je m’ignorais encor, je n’avais pas aimé.
    L’amour ! si ce n’est toi, qui pouvait me l’apprendre ?
    À quinze ans, j’entrevis un enfant désarmé ;
    Il me parut plus folâtre que tendre :
        D’un trait sans force il effleura mon cœur ;
        Il fut léger comme un riant mensonge ;
    Il offrait le plaisir, sans parler de bonheur ;
        Il s’envola. Je ne perdis qu...

  • Quoi ! les flots sont calmés, et les vents sans colère
    Aplanissent la route où je vais m’égarer !
    J’ai vu briller le phare, et l’onde qui s’éclaire
    Double l’affreux signal qui doit nous séparer !
    Que fait-il ? Ah ! s’il dort, il rêve son amie ;
    Bercé dans mon image, il attend le réveil :
    Comme l’onde paisible, il me croit endormie,
    Et son rêve abusé...

  • Dusses-tu me punir de rompre la première
    Le serment imprudent qui fit pleurer l’amour ;
    Dusses-tu repousser l’invincible retour
    Qui ramène vers toi mon âme tout entière ;
    Cette raison cruelle, où se cache l’orgueil,
            M’a déjà coûté tant de larmes !
            Va ! la souffrance est un écueil
            Où viennent se briser ses armes.

    Et toi,...