Élégie : « Je m’ignorais encor »

Je m’ignorais encor, je n’avais pas aimé.
L’amour ! si ce n’est toi, qui pouvait me l’apprendre ?
À quinze ans, j’entrevis un enfant désarmé ;
Il me parut plus folâtre que tendre :
    D’un trait sans force il effleura mon cœur ;
    Il fut léger comme un riant mensonge ;
Il offrait le plaisir, sans parler de bonheur ;
    Il s’envola. Je ne perdis qu’un songe.

Je l’ai vu dans tes yeux, cet invincible amour,
Dont le premier regard trouble, saisit, enflamme ;
Qui commande à nos sens, qui s’attache à notre âme
        Et qui l’asservit sans retour.
        Cette félicité suprême,
        Cet entier oubli de soi-même,
        Ce besoin d’aimer pour aimer,
Et que le mot amour semble à peine exprimer :
Ton cœur seul le renferme, et le mien le devine ;
Je sens à tes transports, à ma félicité,
Qu’il veut dire à la fois bonheur, éternité,
        Et que sa puissance est divine.

Collection: 
1806

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