• À peine le soleil, au fond des antres sombres ,
    Avait du haut des cieux précipité les ombres,
    Quand la chaste Diane, à travers les forêts,
          Aperçut un lieu solitaire
    Où le fils de Vénus et les dieux de Cythère
          Dormaient sous un ombrage frais :
    Surprise, elle s’arrête ; et sa prompte colère
    S’exhale en ce discours, qu’elle adresse tout bas...

  • L'HEURE DU BERGER

    C'est l'heure enchanteresse où, dans l'ombre, Diane,
    Versant au sein des bois son plus tendre rayon,
    En secret, vient poser son baiser diaphane
    Sur les lèvres en fleurs du bel Endymion !

    G. M.

    I

    Sur son orbe d'argent s'élevant par degré,...

  • Il est un jour, une heure, où dans le chemin rude,
    Courbé sous le fardeau des ans multipliés,
    L’Esprit humain s’arrête, et, pris de lassitude,
    Se retourne pensif vers les jours oubliés.

    La vie a fatigué son attente inféconde ;
    Désabusé du dieu qui ne doit point venir,
    Il sent renaître en lui la jeunesse du monde ;
    Il écoute ta voix, ô sacré souvenir...

  •  
    Les temps étaient venus : depuis cent mille années
    La terre agonisait sous le Soleil vieilli,
    Comme une femme ancienne aux prunelles fanées
    Grelotte à son foyer désert, de deuil empli.

    Dans la croissante horreur des ténébreux nuages
    L’orbe mélancolique éteignait son regard ;
    Un séculaire ennui le rongeait sur les plages ;
    Le soir des jours...

  • Il est un jour, une heure, où dans le chemin rude,
    Courbé sous le fardeau des ans multipliés,
    L’Esprit humain s’arrête, et, pris de lassitude,
    Se retourne pensif vers les jours oubliés.

    La vie a fatigué son attente inféconde ;
    Désabusé du...

  •  

    Je vous dis un soir une chose
    Dont vous fûtes peut-être cause :
    J’ai découvert un nouveau Dieu.
    « Nous irons le prêcher ensemble »,
    Me répondîtes-vous ; j’en tremble
    Car… vous vous avanciez un peu.

    Puisque, jusqu’à preuve apportée,
    Je ne veux être qu’un athée
    Qui ne peux croire qu’en l’Amour,
    Quel Dieu, répondez-moi, quel diable...

  •  
    O Toi, l’être infini dans le temps, dans l’espace,
    Toi qui vis immuable au sein du mouvement,
    O Toi ! l’être invisible et l’être à triple face,
    Esprit un ; existant universellement !
    O Toi ! que nul ne peut comprendre,
    Que nulle image ne peut rendre.
    Toi qui n’as pas de cause et qui n’a pas de lieu,
    Qui fais, étreins, emplis, maintiens tout par...

  • Dieu, c’est la beauté, Dieu, beauté même, a parlé
    Dans le buisson de flamme à son peuple assemblé,
    Aux lèvres de Moïse, aux lèvres des prophètes,
    Et ses discours profonds sont clairs comme des fêtes.
    Son livre est un chœur vaste où David a chanté,
    Et c’est un fleuve, il coule avec l’immensité
    De ses vagues, noyant dans leur écume ardente
    Ton navire, ô...

  •  

    Il est, en Chine, un petit dieu bizarre,
    Dieu sans pagode, et qu’on appelle Pu ;
    J’ai pris son nom dans un livre assez rare
    Qui le dit frais, souriant et trapu.

    Il a son peuple au long des poteries,
    Et règne en paix sur ces magots poupins
    Qui vont cueillant des pivoines fleuries
    Aux buissons bleus des paysages peints.

    Il vient, à l’...

  •  
    Ah çà, si nous disions un peu son fait à Dieu ?

    Son œuvre n’a ni fin, ni tête, ni milieu.
    L’imagination de ce faiseur s’épuise.
    Sa meule tourne usant ce qu’on dit qu’elle aiguise.
    Il se répète ; il est au bout de son rouleau.
    Quoi de plus vain que l’air ! Quoi de plus plat que l’eau !
    L’hiver est blanc et vieux ; l’aurore est vieille et rose ;...