• Après l’autel sculpté, le Moïse célèbre,
    Et le saint Jean de Dieu sous sa charge funèbre,
    À Séville on fait voir, dans le grand hôpital,
    Deux tableaux singuliers de Juan Valdès Léal.

    Ce Valdès possédait, Young de la peinture,
    Les secrets de la mort et de la sépulture ;
    Comme le Titien les splendides couleurs,
    Il aimait les tons verts, les blafardes...

  •  
    Timour-Leng, conquérant de l’Inde et de la Perse,
    Qui, comme des moutons que le lion disperse,
    Vit fuir devant ses pas les peuples par troupeaux,
    Le grand Timour, avait le culte des tombeaux.
    Et lorsque ses Mongols avaient pris une ville
    Et qu’ils avaient traité la population vile
    Comme un champ de blé mûr que moissonne la faux,
    Lorsqu’ils...

  • I

    Peuple, ce siècle a vu tes travaux surhumains.
    Il t'a vu repétrir l'Europe dans tes mains.
    Tu montras le néant du sceptre et des couronnes
    Car ta façon de faire et défaire des trônes ;
    A chacun de tes pas tout croissait d'un degré ;
    Tu marchais ; tu faisais sur le globe effaré
    Un ensemencement formidable d'idées ;
    ...

  • Depuis qu’à travers la Grand’Ville
    Je vais musant et badaudant,
    Y semant mon cheveu, ma dent,
    Ainsi que ma liste civile ;

    Je m’étais toujours demandé
    Pourquoi tel trottoir d’une rue
    Voit se presser la foule drue,
    Tandis l’autre est moins fréquenté ?

    Vous l’avez comme moi, sans doute,
    Mainte et mainte fois remarqué ;
    L’un est...

  •  
    Le voyageur, debout sur la plus haute cime,
    A travers le rideau d’une rose vapeur,
    Mesure avec la sonde immense de la peur
    Sous ses genoux tremblants la fuite de l’abîme

    De ce besoin de voir téméraire victime,
    Du haut de la raison je sonde avec stupeur
    Le dessous infini de ce monde trompeur,
    Et je traîne avec moi partout mon gouffre intime....

  • I

    LA VOIX SAGE

    Toute la politique est un expédient.
    Que fais-tu ? Quoi ! tu vas, niant, répudiant,
    Blâmant toute action en dehors des principes.
    Prends garde. En efforts vains et nuls tu te dissipes.
    C'est moi qui guide l'homme errant dans la forêt.
    J'ai pour nom la Raison, pour prénom l'Intérêt,
    Et je suis la...

  •  
    LE poète dort : l’oiseau chante.
    Mais, près du poète endormi,
    La voix de l’oiseau, plus touchante,
    Garde quelque chose d’ami.

    Le poète est mort : la fleur brille.
    Mais, près du poète, la fleur,
    Dans la goutte d’eau qui scintille
    Garde quelque chose d’un pleur.

    Le poète attend : l’aube veille,
    Qui, du ciel penchant les sommets,...

  •  
        Je subis la langueur du jour déjà pâli…
        Je suis très lasse, et je ne veux plus que l’oubli.

        Si l’on parle de moi, l’on mentira sans doute.
        Et mes pieds ont été déchirés par la route.

        Certes, on doit trouver plus loin des cieux meilleurs,
        Des visages plus doux… Je veux aller ailleurs…

        Je vous l’ai dit, je suis affaiblie...

  • Par les hivers anciens, quand nous portions la robe,
    Tout petits, frais, rosés, tapageurs et joufflus,
    Avec nos grands albums, hélas ! Que l’on n’a plus,
    Comme on croyait déjà posséder tout le globe !

    Assis en rond, le soir, au coin de feu, par groupes,
    Image sur image, ainsi combien joyeux
    Nous feuilletions, voyant, la gloire dans les yeux,
    Passer...

  •  
        Voici l’été… Les jours sont trop longs, mon amie,
        L’ombre tarde… On attend l’heure du grand repos,
        Des lys plus odorants, de la cloche endormie,
        De la grande fraîcheur des feuilles et des eaux.

        Je m’attriste de la clarté qui se prolonge.
        Mon cœur est l’ennemi des midis éclatants,
        Et malgré que les jours soient beaux comme...