Devant le couchant

 
    Je subis la langueur du jour déjà pâli…
    Je suis très lasse, et je ne veux plus que l’oubli.

    Si l’on parle de moi, l’on mentira sans doute.
    Et mes pieds ont été déchirés par la route.

    Certes, on doit trouver plus loin des cieux meilleurs,
    Des visages plus doux… Je veux aller ailleurs…

    Je vous l’ai dit, je suis affaiblie et très lasse…
    Tel, le dernier rayon du soir dernier s’efface…

    Ma douleur m’apparaît très lourde et très légère
    Oubliez-moi qui suis une âme passagère.

    Je suis venue ici, je ne sais pas pourquoi,
    Et j’ai vu des passants se détourner de moi.

    Sans vous comprendre et sans que vous m’ayez comprise,
    J’ai passé parmi vous, noire dans l’ombre grise.

    Sans hâte et sans effroi, je rentre dans la nuit…
    Avec tout ce qui glisse, avec tout ce qui fuit,

    Je pars comme on retourne, allégée et ravie
    De pardonner enfin à l’amour et la vie.

Collection: 
1897

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