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    Le courage n’est pas seulement au soldat ;
    Il n’est pas seulement à l’homme qui se bat.
    Pour défendre son pays qui pense et qui travaille —
    La vie est elle-même un vrai champ de bataille
    Où chaque travailleur a son courage à lui.
    Fuir le travail qu’on doit, c’est encore avoir fui.
    Et moi, moi, qui n’ai pas du tout peine à vivre,
    N’ayant qu’à...

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    Renversé doucement dans les bras de Thaïs,
    Le front ceint d’un léger nuage,
    Je lui disois : lorsque tu me souris,
    Peut-être sur ma tête il s’élève un orage.
    Que pense-t-on de mes écrits ?
    Je dois aimer mes vers, puisqu’ils sont ton ouvrage.
    Occuperai-je les cent voix
    De la vagabonde déesse ?
    À ses faveurs pour obtenir des droits,
    ...

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    J’AI couronné de fleurs le front que je chéris.
    L’œillet et le narcisse unis aux violettes,
    Et le muguet nacré dont tremblent les clochettes,
    Ont orné ses cheveux de leurs parfums fleuris.

    Sur Elle, les oiseaux voltigèrent, surpris ;
    Et le vent anima de ses brises muettes
    Les pétales tressés en guirlandes parfaites.
    Un lys à longue tige en...

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    Vous m’avez dit :
    Laisse-les vivre
    Là-bas...
    Que t’importent leurs bonds ou leurs pas
    Sur l’herbe de l’aurore ou l’herbe de midi,
    M’avez-vous dit ?

    C’est vrai. Ma maison est haute et belle sur la place.
    C’est vrai que ma maison est haute et belle et vaste,
    Faite de marbre avec un toit de tuiles d’or ;
    J’y vis ; j’y dors ;

    ...

  •      On en veut trop aux courtisans ;
    On va criant partout qu’à l’État inutiles,
    Pour leur seul intérêt ils se montrent habiles :
         Ce sont discours de médisants.
    J’ai lu, je ne sais où, qu’autrefois en Syrie
    Ce fut un courtisan qui sauva sa patrie.
         Voici comment : Dans le pays
         La peste avait été portée,
    Et ne devait cesser que quand...

  • Sang de Dieu ! Balthazar, cette harangue est forte,
    Et Votre Sainteté n’y va pas de main morte.
    Par mes cornes, ma queue et mes griffes ! Le vieux
    Démosthènes, au Pnix, ne dégoisait pas mieux,
    Ni le bon Tullius sur les Rostres de Rome.
    Je suis émerveillé de pied en cap, cher homme !
    Tant le discours est vif, nerveux, précis, net, clair,
    Et siffle...

  • TU sais la volupté qui prête au corps une âme,
    L’ivresse du plaisir qui berce en exaltant ;
    Tu distilles sur moi ce charme de la femme,
    Qui dans la chair prend source et jusqu’à Dieu s’étend.

    Ton profil noble et doux, tes limpides prunelles
    Éveillent des pensers d’héroïsme et de bien,
    Ton corps, dans tout l’éclat des formes éternelles,
    Serait...

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    Who would check the happy feeling
    That inspire the linnet’s song ?
    Who would stop the swallow, wheeling
    On her pinions swift and strong ?
    (Wordsworth.)

    Tu fuis mes pas, beauté légère !
    Inhabile à te retenir,
    Dans le tumulte du plaisir
    Ma voix, expire solitaire.

    Comme l’enfant, dans son ardeur,
    Échappé des...

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    L’ombre descend, la terre est brune,
    Tous les bruits meurent à la fois ;
    Seul, les yeux fixés sur la lune,
    Le crapaud chante au bord du bois.

    Du vieux tronc qu’un lierre festonne
    Il sort ainsi, quand vient le soir.
    Comme une flûte monotone,
    Sa voix monte sous le ciel noir.

    Ah ! pauvre ami, vieux camarade !
    Que dit-elle à l’astre...


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