• Ta pâle chevelure ondoie
    Parmi les parfums de ta peau
    Comme folâtre un blanc drapeau
    Dont la soie au soleil blondoie.

    Las de battre dans les sanglots
    L’air d’un tambour que l’eau défonce,
    Mon cœur à son passé renonce
    Et, déroulant ta tresse en flots,

    Marche à l’assaut, monte, — ou roule ivre
    Par des marais de sang, afin
    De planter...

  • La main au front, le pied dans l’âtre,
    Je songe, et cherche à revenir,
    Par delà le passé grisâtre,
    Au vieux château du Souvenir.

    Une gaze de brume estompe
    Arbres, maisons, plaines, coteaux,
    Et l’œil au carrefour qui trompe
    En vain consulte les poteaux.

    J’avance parmi les décombres
    De tout un monde enseveli,
    Dans le mystère des...

  •  
    Ab Jove.....

    QUAND la terre des rois manque même à leur cendre,
    Quel est donc cet homme puissant,
    Qui dit : Voilà la tombe où j’aspire à descendre,
    Et qui, plein de gloire, y descend ?

    Cet homme ! il est de ceux dont le génie ordonne,
    De ces monarques sans états,
    Qui portent le seul sceptre et la seule...

  •  

    Je rêve de marcher comme en conquistador,
    Haussant mon labarum triomphal de victoire,
    Plein de fierté farouche et de valeur notoire,
    Vers des assauts de ville aux tours de bronze et d’or.

    Comme un royal oiseau, vautour, aigle ou condor,
    Je rêve de planer au divin territoire,
    De brûler au soleil mes deux ailes de gloire
    À vouloir dérober le...

  • Le jeune philosophe et la vieille portière
    Aiment le chat câlin, pudibond et méchant
    Qui vers le pot au lait, tout en se pourléchant,
    Descend à pas comptés le long de sa gouttière.

    Les plus doux oreillers lui servent de litière,
    Fourré, poltron, gourmand grassouillet, pleurnichant,
    L’animal paresseux fait gros dos en marchant
    Et patte de velours...

  •  

    Je la vis seule, aux derniers rangs assise ;
    Des feux du lustre éclairée à demi,
    Elle courbait, comme un chat endormi,
    Son dos frileux, sous sa fourrure grise.

    Sa main mignarde, aux gestes ambigus,
    Dans un gant paille avait rentré ses griffes ;
    Ses longs yeux verts, comme deux escogriffes,
    Dévotement fermaient leurs cils aigus.

    À...

  • POUR L’ŒUVRE DU SOU DES CHAUMIERES

    Fléau rapide et qui dévore,
    La bataille a passé par là,
    Et la vieille maison brûla ;
    Regardez, cela fume encore.

    Quelques images d’Épinal,
    Un fusil sur la cheminée ;
    C’était la chaumière obstinée,
    Le vieux logis national.

    Au seuil rugueux où l’on trébuche,
    Il fallait se...

  • « Mais pourquoi voler avec tant de mystère
    « Et si longuement dans ces grands corridors ?
    « Vous seriez si bien à votre aise dehors,
    « Dans le brouillard frais qui tombe sur la terre.

    « Vous avez sans doute un vol involontaire,
    « Ô chauves-souris noires comme un remords !
    « Mais pourquoi voler avec tant de mystère
    « Et si longuement dans ces grands...

  • Hé ! Dieu ! qut je forte d’envie — — — — — 69
    Bien que cette maison ne vante son porphyre — — " 7 2
    Encores que la mer de bien loin nous sépare — — "7*
    Bien que Bacchus soit le prince des vins. — — — yj
    Ton esprit est, Ronsard, plus gaillard que le mien "73
    Ronsard repose ici, qui, hardi dh f enfance — — 74

    JOACHIM DU BELLAY (1524-1560)

    Tout ce qu...

  • Voici que la rosée éparpille ses perles
    Qui tremblent sous la brise aux feuilles des buissons.
    — Vague du spleen, en vain contre moi tu déferles !
    Car, dans les chemins creux où sifflotent les merles,
    Et le long des ruisseaux qui baignent les cressons,
    La fraîcheur du matin m’emplit de gais frissons.

    Mystérieuse, avec de tout petits frissons,
    La...