Belle santé,
Qui me reviens après m’avoir quitté,
Voici mon front, mes bras, mes épaules, mon torse
Qui tressaillent une fois encor
À te sentir rentrer et revivre en mon corps
Avec ta force.
Je me détends et je me plais
Au moindre geste que je fais.
Mon pas nerveux et...
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BELLE SANTÉ
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Ce fut un beau souper, ruisselant de surprises.
Les rôtis, cuits à point, n’arrivèrent pas froids ;
Par ce beau soir d’hiver, on avait des cerises
Et du johannisberg, ainsi que chez les rois.Tous ces amis joyeux, ivres, fiers de leurs vices,
Se renvoyaient les mots comme un clair tambourin ;
Les dames, cependant, suçaient des écrevisses
Et... -
Cloris, que dans mon cœur j'ai si longtemps servie
Et que ma passion montre à tout l'univers,
Ne veux-tu pas changer le destin de ma vie,
Et donner de beaux jours à mes derniers hivers ?N'oppose plus ton deuil au bonheur où j'aspire.
Ton visage est-il fait pour demeurer voilé ?
Sors de ta nuit funèbre, et permet que j'admire
Les divines clartés des... -
Le jour où j’ai quitté le sol de mes aïeux,
La verdoyante Érin et ses belles collines,
Ah ! Pour moi ce jour-là fut un jour malheureux.
Là, les vents embaumés inondent les poitrines ;
Tout est si beau, si doux, les sentiers, les ruisseaux,
Les eaux que les rochers distillent aux prairies,
Et la rosée en perle attachée aux rameaux !
Ô terre de... -
Or, en mil huit cent neuf, nous prîmes Saragosse.
J’étais sergent. Ce fut une journée atroce.
La ville prise, on fit le siège des maisons,
Qui, bien closes, avec des airs de trahisons,
Faisaient pleuvoir les coups de feu par leurs fenêtres.
On se disait tout bas : « C’est la faute des prêtres. »
Et, quand on en voyait s’enfuir dans le lointain,... -
Des femmes en peignoir, portant la boîte au lait,
Craignaient de se crotter et montraient leur mollet.
Ils étaient trois, vêtus d’ulsters garnis de martre.
Ils rentraient, ce matin, d’une orgie à Montmartre,
Et ces trois débauchés riaient du doux café
Que l’épouse, à l’époux au lit, sert bien chauffé.
Un prêtre, qui passait, rougit de ce blasphème.... -
D'où me vient, ô mon Dieu ! cette paix qui m'inonde ?
D'où me vient cette foi dont mon cœur surabonde ?
A moi qui tout à l'heure incertain, agité,
Et sur les flots du doute à tout vent ballotté,
Cherchais le bien, le vrai, dans les rêves des sages,
Et la paix dans des cœurs retentissants d'orages.
A peine sur mon front quelques jours ont glissé,
Il me... -
Soyez grands, soyez forts, soyez victorieux ;
Soyez aimants, marchez des flammes dans les yeux.
Soleil, Dieu des clartés, Dieu bon qui les pénètres,
Verse-leur ton amour brûlant pour tous les êtres.
– Comme le Ciel bénit la Terre nuit et jour,
Homme, sur cette femme épanche ton amour ;
Ô femme, quand sa main entrouvrira tes voiles,
Qu’il trouve... -
Ami, Dieu se complaît dans votre œuvre et dans vous ;
Il vient de l’attester par un signe bien doux :
Il vous a fait connaître, il vous a donné celle
En qui, dès ici-bas, son sourire étincelle,
La main qu’il vous fallait, même à vous sage et fort,
Pour garder votre cœur du désir de la mort ;
Et l’homme cette fois a, sans erreurs étranges,
Mêlé... -
Oiseau dépaysé, qui t’amène vers nous?
Notre soleil est froid, notre ciel en courroux;
Nos bois sont chauves; à nos haies,
À nos buissons armés de dards aigus, au lieu
Des beaux fruits blonds mûris à vos midis de feu,
Pendent à peine quelques baies.Comme nos passereaux hardis, pauvre étranger,
Bengali du désert, sauras-tu...