• Je l’ai gardé ce bon baiser de muse !
    Comme une perle, il rayonne à mon front ;
    Et désormais, qu’on me flatte ou m’accuse,
    Sans l’effacer les soucis passeront.

    Je l’ai gardé ce baiser de poëte !
    Comme un bon vin qui réchauffe au départ,
    Quand sur le seuil, au chant de l’alouette,
    Le cheval brun hennit dans le brouillard !

    Je l’ai gardé dans...

  •  
    Un soir d’été, quand l’astre de Vénus
    Verse un jour doux sur les fleurs rafraîchies,
    Joue à travers les rameaux plus touffus,
    Et sert l’amour errant dans les prairies ;
    Thaïs, quittant l’ombre de ses berceaux,
    Court respirer l’air serein des campagnes,
    Et va chercher ses folâtres compagnes
    Qui l’attendoient sur le bord des ruisseaux.
    Un...

  • Heureux qui, possédant la Chimère éternelle,
    Livre au Monstre divin un cœur ensanglanté,
    Et savoure, pour mieux s’anéantir en elle,
    L’extase de la mort et de la volupté
    Dans l’éclair d’un baiser qui vaut l’éternité !

  •  
     Plus de fois, dans tes bras charmants
     Captif, j'ai béni mes prisons,
     Que le ciel n'a de diamants ;
     Et pour tes noires trahisons
     J'ai versé plus de pleurs amers
     Que n'en tient le gouffre des mers.

     Mes chants ailés, je te les dois !
     Plus haineuse que les bourreaux,
     Mon cœur a saigné sous tes doigts ;
     Mais que de fois, comme...

  • Sonnez, sonnez haut sur la joue,
    Baisers de la franche amitié,
    Comme un fils de neuf ans qui joue,
    Petit tapageur sans pitié.

    Baiser du respect qui s’imprime
    À la porte du cœur humain,
    Comme avec l’aile d’une rime,
    Effleurez à peine la main ;

    Baiser d’affection armée,
    De la mère au cœur noble et fier
    Sur le front de la tête aimée,...

  •  
    N'y va pas ! Reste sur ton livre,
    Dans ta chambre d'étudiant !
    Courbé sous la lampe de cuivre,
    Occupe ta pensée et ton cœur en veillant.

    Je le sais trop, le plus stoïque
    N'est bien sûr de lui qu'à l'écart ;
    Et l'âpreté jeune et pudique
    N'est pas lente à céder au charme d'un regard.

    Il est une fleur douce et blanche
    Qui croît à l'...

  •  
    » Vous viendrez, mon ami ; ne me refusez pas !
    » A nos danses du soir il faut que je vous voie :
    » J’aime encor ces plaisirs ; pardonnez-moi ma joie,
    » Et de vos doux regards venez suivre mes pas.
    » Tenez, voyez, Arthur, ces fleurs, cette parure,
    » Ces simples ornemens que vous avez choisis ;
    » On dit qu’ils me font belle, et je m’en réjouis,...

  • C'est aujourd'hui qu'eut lieu le sacrifice,
    Fasse le ciel que ce soit le dernier,
    Ils ont dressé le mortel édifice
    Qu'un Peuple-roi brisait en Février ;
    Elle est debout, la sanglante machine,
    A son travail on ne peut plus surseoir,
    Républicains ! voici la guillotine...
    A l'Élysée on dansera ce soir ! .

    Femmes du bal, sonnez votre servante,...

  •       Minos, ne pouvant plus suffire
    Au fatigant métier d’entendre et de juger
    Chaque ombre descendue au ténébreux empire,
          Imagina, pour abréger,
          De faire faire une balance
    Où dans l’un des bassins il mettait à la fois
    Cinq ou six morts, dans l’autre un certain poids
          Qui déterminait la sentence.
    Si le poids s’élevait, alors plus...

  • C’est un plus petit cœur
    Avec la pointe en l’air ;
    Symbole doux et fier
    C’est un plus tendre cœur.

    Il verse ah ! que de pleurs
    Corrosifs plus que feu

    Prolongés mieux qu’adieu,
    Blancs comme blanches fleurs !

    Vêtu de violet,
    Fait beau le voir yssir,
    Mais à tout le plaisir
    Qu’il donne quand lui plaît !

    Comme un évêque...