Je l’ai gardé ce bon baiser de muse !
Comme une perle, il rayonne à mon front ;
Et désormais, qu’on me flatte ou m’accuse,
Sans l’effacer les soucis passeront.
Je l’ai gardé ce baiser de poëte !
Comme un bon vin qui réchauffe au départ,
Quand sur le seuil, au chant de l’alouette,
Le cheval brun hennit dans le brouillard !
Je l’ai gardé dans mon âme sereine
Comme un espoir et comme un souvenir…
Alain Chartier eut un baiser de reine,
Mais de plus haut un baiser peut venir !
Je l’ai gardé, comme ces amulettes
Qui font le cœur plus solide ; ― et pourtant,
Bien qu’il soit sot de songer à ses dettes,
Que je voudrais vous le rendre au comptant !