• JE suis jeune, et pourtant je n’ai pas cette joie,
    Ce rire épanoui du monde qui tournoie,
    Ardent à tout festin.
    Sans couronne est mon front, mon cœur sans espérance.
    Avec incertitude, avec indifférence,
    J’accomplis mon destin.

    Un moment, j’ai rêvé de ces salles superbes
    D’où montent pour l’artiste, en colossales gerbes,
    Les bravos éclatants ;...

  • L’AVENIR

    I

    Mon cœur qui choit, mais se relève
    S’est élancé d’un bond puissant
    Vers un futur éblouissant
    Tel que le veut créer mon rêve.

    Je sais ce qu’il m’en faut bannir :
    Bonheur trop sûr...

  • III

    Polynice, Etéocle, Abel, Caïn ! ô frères !
    Vieille querelle humaine ! échafauds ! lois agraires !
    Batailles ! ô drapeaux, ô linceuls ! noirs lambeaux !
    Ouverture hâtive et sombre des tombeaux !
    Dieu puissant ! quand la mort sera-t-elle tuée ?
    Ô sainte paix !

    La guerre est la prostituée ;
    Elle est la concubine...

  •  
    Espérance et Courage !

    Peuples ! depuis trente ans, grâce à la voix des sages,
    La Guerre, désarmée, a suspendu son vol ;
    Nos fils n’entendent plus, sous l’arbre de nos plages,
    Hennir ses noirs coursiers engloutis par le sol ;
    Prêtresse, sans autels, et Reine, sans couronne,
    A peine la voit-on, debout sur un tombeau,
    Aux feux d’...

  •  
    Ce désert étouffant est donc infranchissable ?…
    Voilà bientôt deux nuits que j’ai quitté les bords ;
    De l’aube à l’Occident je marche, et n’en suis hors.
    SI es deux, pieds lourdement s’enfoncent dans le sable,
    Et mon bambou se rompt sous le poids de mon corps.

    Harassé, je m’assieds, mourant solitaire,
    Ainsi qu’une ombre errante aux débris d’un...

  • Quand le valet chassé,
    Le regard fou, le cœur cassé,
    De la ferme sortit,
    Subitement,
    La fermière rendit l’esprit.

    À la morte qui tant aima
    Le valet blond et leur serment,
    On vacarma des funérailles,
    Le soir,
    Avec, autour du catafalque noir,
    De grands cierges et des ferrailles

    Quand le valet chassé,...

  •  

    Tu n’as pas toujours été sage,
    Toi dont le cœur bat sur mon bras.
    Pour plus d’un amant de passage
    Tu souris et tu soupiras.

    D’une voix honteuse et farouche
    Tu me l’as dit par un soir bleu ;
    Mais ma bouche a fermé ta bouche,
    Que purifiait ton aveu.

    J’avais prévu ta confidence,
    J’avais deviné ton roman,
    Fille du peuple sans...

  •  
        Dans l’orage secret, dans le désordre extrême
        Je n’ose avouer à moi-même que j’aime !
        Cela m’est trop cruel, trop terrible… Mais j’aime !

        Pourquoi je l’aime ainsi ? L’éclat de ses cheveux…
        Sa bouche… Son regard !… Ce qu’elle veut, je veux.
        Je ne vis que de la clarté de ses cheveux…

        Et je ne vis que du rayon de ce sourire...

  • Un cavalier disait à Milton : « Je vous plains !
    Car vos yeux, de colère et d’espérance pleins,
    Qui déchiraient la voûte où le soleil gravite,
    S’égarent, fous d’horreur, dans la nuit sans limite.
    Comme un aigle banni du mont aérien
    Dans un sombre cachot, vous ne voyez plus rien
    Sur cette terre aux feux du ciel irradiée ;
    Ni le couchant avec sa pourpre...

  •  
    « Dieu dont l’arc est d’argent, dieu de Claros, écoute ;
    O Sminthée-Apollon, je périrai sans doute,
    Si tu ne sers de guide à cet aveugle errant. »
    C’est ainsi qu’achevait l’aveugle en soupirant,
    Et près des bois marchait, faible, et sur une pierre
    S’asseyait. Trois pasteurs, enfants de cette terre,
    Le suivaient, accourus aux abois turbulents
    ...