• Tu mettrais l'univers entier dans ta ruelle,
    Femme impure ! L'ennui rend ton âme cruelle.
    Pour exercer tes dents à ce jeu singulier,
    Il te faut chaque jour un coeur au râtelier.
    Tes yeux, illuminés ainsi que des boutiques
    Et des ifs flamboyants dans les fêtes publiques,
    Usent insolemment d'un pouvoir emprunté,
    Sans connaître jamais la loi de leur beauté....

  • Il n'est homme en l'Univers
    Qui ne me couvre de blâme,
    S'il estime que mes Vers
    Soyent l'image de mon Ame.

    Ils appellent le blanc, blanc.
    Leur langage net et franc
    Fait la figue à la contrainte.

    Je l'advoüe. Il est certain,
    Ma plume est une putain,
    Mais ma vie est une sainte.

  • L'univers est un temple où l'on voit l'injustice
    Se targuer sur l'autel, un sceptre dans la main.
    La modeste vertu, victime du dédain ;
    Y marche l'oeil baissé devant l'éclat du vice ;
    Et les pâles talents, couchés sur des grabats,
    Y veillent consumés, par la faim qui les presse,
    Tandis que, s'égayant, chantant dans la paresse,
    L'ignorance au teint frais s'...

  • L'univers, c'est un livre, et des yeux qui le lisent.

    Ceux qui sont dans la nuit ont raison quand ils disent :
    Rien n'existe ! Car c'est dans un rêve qu'ils sont.

    Rien n'existe que lui, le flamboiement profond,
    Et les âmes, les grains de lumière, les mythes,
    Les moi mystérieux, atomes sans limites,
    Qui vont vers le grand moi, leur centre et leur...

  • Mystérieux moment où l'on commence à vivre...
    La matière s'anime à ton souffle, mon Dieu.
    L'âme qu'elle a reçue est un rayon de feu
    Qui remonte vers toi, prisonnier qu'on délivre.

    Et la vie est partout. Comme on lit dans un livre,
    Dans le monde insondable on voudrait lire un peu,
    Pour voir si le travail alterne avec le jeu,
    Et si les coeurs parfois...

  • Ja le matin, qui l'univers redore,
    De franges d'or et de perles s'ornoit,
    Et doucement tout en roses tournoit
    Le char serein de l'Indienne aurore.

    Las ! le souci qui sans fin me devore
    Aucun espoir de paix ne me donnoit :
    Plutôt le jour alors me ramenoit
    Mille tormens, et mille mors encore,

    Quand derrier' moi, au bout d'un gai preau,...

  • Comme jadis l'ame de l'univers
    Enamourée en sa beaulté profonde,
    Pour façonner cette grand' forme ronde,
    Et l'enrichir de ses thesors divers,

    Courbant sur nous son temple aux yeulx ouvers,
    Separa l'air, le feu, la terre, et l'onde,
    Et pour tirer les semences du monde
    Sonda le creux des abismes couvers :

    Non autrement, ô l'ame de ma vie...