L'univers est un temple où l'on voit l'injustice
Se targuer sur l'autel, un sceptre dans la main.
La modeste vertu, victime du dédain ;
Y marche l'oeil baissé devant l'éclat du vice ;
Et les pâles talents, couchés sur des grabats,
Y veillent consumés, par la faim qui les presse,
Tandis que, s'égayant, chantant dans la paresse,
L'ignorance au teint frais s'endort dans le damas. [...]
Quand le teint du soleil s'obscurcit de pâleur,
Quand tout autour de moi respire la tristesse,
Mon coeur est soulagé, je sens moins mon malheur ;
Je crois que la nature à mon sort s'intéresse ;
Je crois que, courroucé d'avoir vu les humains
Refuser des secours à mes tristes destins,
Le ciel ne daigne pas leur prêter sa lumière...
Ou plutôt il me semble, et j'en suis consolé,
Que tout est comme moi plaintif et désolé.
J'aime à me retracer ma nouvelle carrière :
Mon lit sera la feuille, un antre ma chaumière,
L'herbe ma nourriture, et l'onde ma boisson,
Mes plaisirs l'innocence, et mon bien la raison. [...]
L'univers est un temple...
More from Poet
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(extrait)
Vous que l'on vit toujours chéris de la fortune,
De succès en succès promener vos désirs,
Un moment, vains mortels, suspendez vos plaisirs :
Malheureux... ce mot seul déjà vous importune ?
On craint d'être forcé d'adoucir mes destins ?
Rassurez-vous... -
(Fragments)
... Eh ! quel temps fut jamais en vices plus fertile ?
Quel siècle d'ignorance, en beaux faits plus stérile,
Que cet âge nommé siècle de la raison !
Tout un monde sophiste, en style de sermon,
De longs écrits moraux nous ennuie avec zèle,
Et l'on... -
L'univers est un temple où l'on voit l'injustice
Se targuer sur l'autel, un sceptre dans la main.
La modeste vertu, victime du dédain ;
Y marche l'oeil baissé devant l'éclat du vice ;
Et les pâles talents, couchés sur des grabats,
Y veillent consumés, par la faim... -
et composée par l'auteur huit jours avant sa mort
J'ai révélé mon coeur au Dieu de l'innocence ;
Il a vu mes pleurs pénitents.
Il guérit mes remords, il m'arme de constance ;
Les malheureux sont ses enfants.Mes ennemis, riant, ont dit dans leur colère :
"... -
Forêts solitaires et sombres,
Je viens, dévoré de douleurs,
Sous vos majestueuses ombres,
Du repos qui me fuit respirer les douceurs.Recherchez, vains mortels, le tumulte des villes ;
Ce qui charme vos yeux aux miens est en horreur :
Ce silence imposant, ces...