Mystérieux moment où l'on commence à vivre...
La matière s'anime à ton souffle, mon Dieu.
L'âme qu'elle a reçue est un rayon de feu
Qui remonte vers toi, prisonnier qu'on délivre.
Et la vie est partout. Comme on lit dans un livre,
Dans le monde insondable on voudrait lire un peu,
Pour voir si le travail alterne avec le jeu,
Et si les coeurs parfois mêlent la flamme au givre.
La Terre pleure et rit. L'homme ainsi l'a voulu.
Dès le premier dîner il se montre goulu
Et verse le vin pur sur la pomme indigeste.
Le poète, à l'aspect de la voûte céleste,
Se dit, rêvant de vers et tombant à genoux
Le monde est un poème et Dieu l'a fait pour nous.