• Ô laissez-vous aimer !… ce n’est pas un retour,
    Ce n’est pas un aveu que mon ardeur réclame ;
    Ce n’est pas de verser mon âme dans votre âme,
    Ni de vous enivrer des langueurs de l’amour ;

    Ce n’est pas d’enlacer en mes bras le contour
    De ces bras, de ce sein ; d’embraser de ma flamme
    Ces lèvres de corail si fraîches ; non, Madame,
    Mon feu pour vous est...

  • Heureux le voyageur que sa ville chérie
    Voit rentrer dans le port, aux premiers feux du jour !
    Qui salue à la fois le ciel et la patrie,
    La vie et le bonheur, le soleil et l’amour !
    – Regardez, compagnons, un navire s’avance.
    La mer, qui l’emporta, le rapporte en cadence,
    En écumant sous lui, comme un hardi coursier,
    Qui, tout en se cabrant, sent son...

  •  
    Souvenirs du pays, avec quelle douceur,
    Hélas ! vous murmurez dans le fond de mon cœur !
    Couché dans les genêts, comme une jeune abeille
    Vous bourdonne en passant ses plaintes à l'oreille,
    Ou comme un grand nuage en traversant les cieux
    De fantômes sans nombre égaye au loin vos yeux,
    Souvenirs du pays, au-dedans de moi-même
    Ainsi vous murmurez...

  •  

    Viens ! Je t’aime ! Rentrons. La promenade est faite.
    La claire nuit de juin vient d’allumer ses feux ;
    Le clocher du gros bourg, où nous logeons tous deux,
    Se rapproche, et la lune en argente le faîte.

    Regagnons lentement l’auberge, où l’on apprête
    La chambre et le grand lit aux draps frais. Je te veux !
    Et, pour qu’en cheminant je baise tes...

  •  
    Le voilà, ce vieux môle où j'errai si souvent !
    Ainsi grondaient alors les rafales du vent,
    Quand aux pâles clartés des fanaux de la Hève
    Si tristes à minuit,
    Le flux, en s'abattant pour envahir la grève,
    Blanchissait dans la nuit.

    Au souffle du matin qui déchirait la brume,
    Ainsi sur mes cheveux volait la fraîche écume ;
    Et quand à leur...

  • J’ai quitté pour un an la campagne : — le chaume
    Était jaune ; les champs n’avaient plus cet arome
    Que leur donnent en juin les fleurs et le foin vert,
    Et l’on sentait déjà comme un frisson d’hiver.
    — La campagne, c’est bon l’été. — L’on se promène,
    On marche à travers champs comme le pied vous mène,
    Se fiant au hasard des sentiers onduleux.
    À la...

  •  
    C’est assez, loin de ta présence
    M’exiler, sans pouvoir te fuir ;
    Je suis las d’une indifférence
    Que j’affecte ; sans la sentir.
    Comme à son nid l’oiseau sauvage,
    Comme la vague à son rivage,
    Comme le cerf au bord des eaux,
    À tes pieds ramené sans cesse,
    J’y viens encor, dans ma faiblesse,
    Chercher l’amour au prix des maux.

    J...

  •  
    Vallon, rempli de mes accords,
    Ruisseau, dont mes pleurs troublaient l’onde,
    Prés, colline, forêt profonde ;
    Oiseaux, qui chantiez sur ces bords !

    Zéphyr, qu’embaumait son haleine,
    Sentiers, où sa main tant de fois
    M’entraînait à l’ombre des bois,
    Où l’habitude me ramène !

    Le temps n’est plus! mon œil glacé,...

  •  
    Pendant toute la nuit les guerriers, inquiets,
    Auprès de leurs grands feux, sous les sombres forêts,
    Déplorèrent des chefs l’absence prolongée.
    Leur âme dans l’angoisse était encor plongée
    Quand le soleil monta radieux au levant,
    Et que d’étranges bruits passèrent dans le vent.

    Ils courent au rivage en hurlant de colère.
    Deux navires berçaient...

  •  
    Hic nostri reditus...!
    VIRG. liv. XI.

    J’entends donc de nouveau résonner sur ma tête
    Le pin du Clanbrassil que presse la tempête ;
    Des échos du rocher je reconnais la voix ;
    Je reconnais aussi l’obscurité des bois,
    Et les ondes du fleuve, et l’herbe des rivages.
    Je reconnais encor la forme des nuages ;...