Utopistes que nous sommes,
Comme on doit nous trouver fous !
Vouloir le bonheur des hommes
Mais de quoi nous mêlons-nous ?
Mieux vaut chanter à la ronde
Et boire à plein gobelet ;
Ne dérangeons pas le monde,
Laissons chacun comme il est !

Leur...

 
Ô puissant Gutenberg ! Germain de bonne race
         Dont le mâle et hardi cerveau
De l’antique univers a rajeuni la face
         Par un prodige tout nouveau ;
Lorsqu’aux rives du Rhin, dans une nuit ardente,
         Amant d’une divinité,
Tu pressas...

 
À Alfred Guérard.

I

Et le cèdre, debout sur le mont solitaire,
Disait : Béni soit Dieu, qui du sein de la terre
Fait monter comme un flot la sève dans mes flancs ;
Béni soit le Seigneur qui, pour moi seul au monde,
Garde dans ses trésors et la...

 
I

Sur son trône d’argent aux degrés de porphyre,
Calme, comme les dieux qui peuvent se suffire,
Le roi, ceint du bandeau par l’orgueil allégé,
Dans la pourpre de Tyr est mollement plongé ;
Il a pour escabeau digne de ses sandales
Les crins de deux...

 
ANTOINE CALYBITE.

Sur la cime ombragée, où tout seul j’ai gravi,
Mais où d’autres bientôt, sans crainte, m’ont suivi ;
Au-dessus des cités, que la folie agite :
Ici, je prie en paix, j’étudie et médite !

  L’esprit bruyant et vain de ce siècle agité,...

 
Les fleurs et les oiseaux, tous les êtres créés,
Dans l’espace infini doucement gradués,
Ne sont que les degrés, l’échelle par où l’âme
Remonte au Centre ardent de lumière et de flamme ;
Au Dieu, que l’œil mystique aperçoit à travers
L’immuable beauté du...

Un poète est un monde enfermé dans un homme.
Plaute en son crâne obscur sentait fourmiller Rome ;
Mélésigène, aveugle et voyant souverain
Dont la nuit obstinée attristait l’œil serein,
...

Poet: Victor Hugo

C'est le premier matin du monde.
Comme une fleur confuse exhalée de la nuit,
Au souffle nouveau qui se lève des ondes,
Un jardin bleu s'épanouit.

Tout s'y confond encore et tout s'y mêle,
Frissons de feuilles, chants d'oiseaux,
Glissements d'ailes,
...

Entrez, mes souvenirs, ouvrez ma solitude !
Le monde m'a troublée ; elle aussi me fait peur.
Que d'orages encore et que d'inquiétude
Avant que son silence assoupisse mon coeur !

Je suis comme l'enfant qui cherche après sa mère,
Qui crie, et qui s'arrête effrayé de...

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Ô poète inquiet du monde, qui médites,
Opposant un front ferme aux grands souffles salés,
Souviens-toi que l'amour, docile au pas de l'heure,
Ne descend pas deux fois dans la même demeure !
Un soir tu reviendras, sentant qu'il se...