Tandis qu'autour de nous la Nature se dore
Ivre de fleurs, d'amour et de clartés d'aurore,
Et que tout s'embellit de rayons souriants,
Les chercheurs, les penseurs, les esprits, les voyants,
Les sages, dont la main croit à ce qu'elle touche,
Tiennent dans leur compas l'immensité farouche,
Et disent : Ce berger, que vous appelez Dieu,
N'existe pas. Là-...
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C’est moi qui suis Dragon, le chien de ce troupeau
Et Guillot, le pasteur, ce gars de piètre mine
Qui le long des sillons clopin-clopant chemine,
Malgré son manteau jaune et malgré son chapeau,Est moins berger que moi qui n’ai rien que ma peau.
Il me laisse pourtant ronger par la vermine
Et je déserterais, poussé par la famine,
Si je n’étais... -
LE BERGER.Étoile du berger, si tu voulais m’entendre,
Toi qui brilles là-haut comme un pur diamant ;
Où mon œil n’atteint pas, ton regard peut descendre.
Par cette belle nuit tu verras clairement…L’ÉTOILE.
Je vois plusieurs pays… Lequel regarderai-je ?
LE BERGER.
Le pays au delà des étangs.
L’ÉTOILE....
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S’IL est une heure douce entre toutes les heures,
Une heure où rien d’amer en vous ne soit resté,
Où les choses qu’on aime apparaissent meilleures,
Où l’on arrive à Dieu par la félicité ;C’est quand la bien-aimée, entre vos bras étreinte,
Ne voulant rien encor, mais près de tout vouloir,
Répondant au désir par une douce plainte,
Pensive, en s’en... -
Un calme soir caresse au loin les belles plaines ;
L'Étoile du Berger, au fond du ciel d'été,
Comme un signe de gloire et de félicité
Resplendit sur les prés et sur les granges pleines.
Grande et droite sous le fardeau des lourdes gerbes,
Une fille aux pieds nus, d'un pas robuste et lent,
S'avance dans les champs silencieux, foulant
Les ronces et... -
Poésie ! ô trésor ! perle de la pensée !
Les tumultes du coeur, comme ceux de la mer,
Ne sauraient empêcher ta robe nuancée
D'amasser les couleurs qui doivent te former.
Mais sitôt qu'il te voit briller sur un front mâle,
Troublé de ta lueur mystérieuse et pâle,
Le vulgaire effrayé commence à blasphémer.
Le pur enthousiasme est craint des faibles âmes... -
A Eva
Si ton coeur, gémissant du poids de notre vie,
Se traîne et se débat comme un aigle blessé,
Portant comme le mien, sur son aile asservie,
Tout un monde fatal, écrasant et glacé ;
S'il ne bat qu'en saignant par sa plaie immortelle,
S'il ne voit plus l'amour, son étoile fidèle,
Eclairer pour lui seul l'horizon effacé ;
Si ton âme... -
Eva, qui donc es-tu ? Sais-tu bien ta nature ?
Sais-tu quel est ici ton but et ton devoir ?
Sais-tu que, pour punit l'homme, sa créature,
D'avoir porté la main sur l'arbre du savoir,
Dieu permit qu'avant tout, de l'amour de soi-même
En tout temps, à tout âge, il fît son bien suprême,
Tourmenté de s'aimer, tourmenté de se voir ?
Mais si Dieu près... -
La lune est rouge au brumeux horizon ;
Dans un brouillard qui danse, la prairie
S'endort fumeuse, et la grenouille crie
Par les joncs verts où circule un frisson ;
Les fleurs des eaux referment leurs corolles ;
Des peupliers profilent aux lointains,
Droits et serrés, leur spectres incertains ;
Vers les buissons errent les lucioles ;
Les chats... -
Le doux titre et l'emploi charmant :
Être, en juin, un berger d'abeilles,
Lorsque les prés sont des corbeilles
Et les champs des mers de froment ;
Quand les faucheurs sur les enclumes
Martèlent la faux au son clair,
Et que les oisillons dans l'air
Font bouffer leurs premières plumes !
Berger d'abeilles, je le fus,
A huit ans, la-...