Le phare sent mourir ses lueurs argentées,
Et du golfe arrondi les pentes enchantées
Vont se dorer dans l’aube où le regard les perd.
Les villages marins dorment. L’Océan vert,
Qui n’a pas de sommeil, fait sa grande descente.
Il réclame son lit, et de loin gémissante
L’onde écume ; elle accourt, s’écroule en s’étalant,
Couvre le fin tapis du...
-
-
" Nous voici. Dans le ciel naît l'aurore nouvelle,
La mort s'efface, Enfant, et le malheur n'est plus,
A travers les airs bleus, de l'éclair de nos ailes,
En foule auprès de toi nous voici revenus.
Regardé, Ève divine, écarte tes mains pâles
De ton visage plus doux que l'aurore, vois,
Nous nous tenons comme une troupe triomphale,
Debout dans la... -
Règne en paix sur le fleuve, ô solitude immense !
O vent, ne gronde pas ! Ô montagnes, dormez !
A l'heure où tout se tait sous les cieux blasphémés,
La voix de l'Infini parle à la conscience.
Entre ces deux géants dont le roc éternel,
Surgi du gouffre noir monte au gouffre du rêve,
La pensée ennoblie et plus grande s'élève
De l'abîme de l'âme à l'... -
Vous en qui je salue une nouvelle aurore,
Vous tous qui m'aimerez,
Jeunes hommes des temps qui ne sont pas encore,
Ô bataillons sacrés !
Et vous, poëtes, pleins comme moi de tendresse,
Qui relirez mes vers
Sur l'herbe, en regardant votre jeune maîtresse
Et les feuillages verts !
Vous les lirez, enfants à chevelure blonde,
Coeurs tout... -
Comme au printemps de l'autre année,
Au mois des fleurs, après les froids,
Par quelque belle matinée,
Nous irons encore sous bois.
Nous y verrons les mêmes choses,
Le même glorieux réveil,
Et les mêmes métamorphoses
De tout ce qui vit au soleil.
Nous y verrons les grands squelettes
Des arbres gris, ressusciter,
Et les yeux... -
Puisque l'aube grandit, puisque voici l'aurore,
Puisque, après m'avoir fui longtemps, l'espoir veut bien
Revoler devers moi qui l'appelle et l'implore,
Puisque tout ce bonheur veut bien être le mien,
C'en est fait à présent des funestes pensées,
C'en est fait des mauvais rêves, ah ! c'en est fait
Surtout de l'ironie et des lèvres pincées
Et des mots où... -
Si l'Aurore, toujours, de ses perles arrose
Cannes, gérofliers et maïs onduleux ;
Si le vent de la mer, qui monte aux pitons bleus,
Fait les bambous géants bruire dans l'air rose ;
Hors du nid frais blotti parmi les vétivers
Si la plume écarlate allume les feuillages ;
Si l'on entend frémir les abeilles sauvages
Sur les cloches de pourpre et les... -
La nue était d'or pâle, et, d'un ciel doux et frais,
Sur les jaunes bambous, sur les rosiers épais,
Sur la mousse gonflée et les safrans sauvages,
D'étroits rayons filtraient à travers les feuillages.
Un arome léger d'herbe et de fleurs montait ;
Un murmure infini dans l'air subtil flottait :
Choeur des Esprits cachés, âmes de toutes choses,
Qui font... -
La glèbe, à son réveil, verte et toute mouillée,
Autour du bourg couvert d'une épaisse feuillée
Où les toits assoupis fument tranquillement ;
Dans la plaine aux replis soyeux que rien ne cerne,
Parmi les lins d'azur, l'oeillette et la luzerne,
Berce les jeunes blés pleins de frissonnement.
Sereine et rafraîchie aux brumes dilatées,
Sous l'humide baiser... -
Claire en beauté plus que la claire Aurore
Claire en blancheur plus que marbre de Pare,
Ou que le laict, qui sur le Jong se pare.
Claire en odeur du Bame qui s'honnore,
Claire en coral que le vermeil colore :
Claire en valeur plus qu'autre joiau rare
Ou que tout l'or du filz de Chrise avare.
Claire en l'honneur qui tes graces decore,
...